Plus de 160 000 postes médicaux et assimilés à pourvoir d’ici à 2030, selon le ministère du Travail

Par
Publié le 14/03/2022

Crédit photo : PHANIE

« Avec 370 000 postes créés entre 2019 et 2030, médecins, infirmiers, aides à domicile et aides-soignants seraient parmi les métiers les plus créateurs d’emplois », analyse le ministère du Travail, par la voix de son organisme statistique, la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). Dans le détail, quelque 163 000 postes seront ouverts entre 2019 et 2030 rien que pour les médecins « et assimilés », à savoir vétérinaires, dentistes et pharmaciens, selon la Dares qui publie son panorama des « Métiers 2030 ».

Les statisticiens du ministère du Travail ont mis en œuvre un scénario de projection prenant en compte, pour chaque secteur d’activité, les départs à la retraite, le nombre d’étudiants formés dans les filières ou encore les besoins au regard de l’évolution de la société. À l’aune de la pandémie, la Dares anticipe de manière générale « une forte progression des services santé ». Ainsi, entre 2019 et 2030, la part de postes ouverts en médecine va augmenter de 13 %, de 18 % pour les infirmières et sages-femmes, de 15 % pour les aides-soignantes et de 9 % pour les autres professions paramédicales.

49 000 postes médicaux en plus

Pour modéliser précisément le nombre de postes médicaux ouverts dans les huit prochaines années, la Dares a mis au point une « balance » entre départs à la retraite, créations et suppressions d’emploi. « Une partie de ces besoins de recrutement sera comblée par des jeunes sortis de formation initiale et débutant dans ce métier », précise la Dares.

Du côté des médecins « et assimilés », la direction statistique table sur 113 000 départs en retraite et 49 000 créations nettes d'emploi. Au total, ces plus de 160 000 postes à pourvoir représentent 42 % du contingent médical de 2019. 

160 000 jeunes sur le marché

Les infirmières et sages-femmes (considérées d’un seul bloc par la direction statistique), se trouvent en deuxième position des métiers en plus forte expansion (+18 %), juste derrière les ingénieurs informatiques, en tête du podium. À l’horizon 2030, 143 000 infirmiers et sages-femmes mettront fin à leur carrière et 113 000 postes nets seront créés, soit un besoin total de 256 000 recrutements (40 % des emplois de 2019).

Bonne nouvelle toutefois : ces besoins massifs de soignants « seraient presque totalement couverts par les arrivées de jeunes débutants chez les infirmiers et sages-femmes, et chez les médecins », modélise la Dares. Dans le détail, d’ici à 2030, 160 000 jeunes médecins vont parallèlement arriver sur le marché, permettant de combler l'essentiel des postes. 

In fine, « les métiers qui recruteraient le plus de jeunes diplômés du supérieur seraient les enseignants et les infirmiers/sages-femmes – environ 250 000 chacun – puis les médecins, les cadres des services administratifs, comptables et financiers et les ingénieurs de l’informatique », avance la direction statistique, qui, plus globalement, anticipe la création d’un million d’emplois supplémentaires d’ici à 2030.

Les aides-soignants en souffrance

En revanche, la Dares table sur un déséquilibre majeur pour les aides-soignants. Avec 290 000 recrutements à couvrir d’ici à 2030, les quelque 186 000 jeunes diplômés ne suffiront pas à combler les besoins. « Ces déséquilibres potentiels indiquent que des métiers pourraient manquer de ressources », souligne la Dares.

Ce mardi, le premier ministre Jean Castex a justement annoncé vouloir renforcer la formation sanitaire et sociale. Après la création sur deux ans de 12 600 places dans ces cursus à la faveur du Ségur, « à compter de 2023, les capacités de formation seront définitivement augmentées de 13 600 places par an soit une progression de 20 % par rapport aux capacités actuelles », annonce le cabinet de Jean Castex.

Scenario « Covid + »

Au-delà de cette modélisation macro-économique moyenne, la Dares a imaginé deux autres scénarios : l’un « bas carbone » et l’autre baptisé « Covid + ». Ce dernier « suppose un impact plus fort de la crise sanitaire sur la distanciation sociale à l’horizon 2030 », précise la Dares. Aussi, un contexte « Covid + » « avantagerait les professions médicales hospitalières », avec la création de 10 000 postes supplémentaires de médecins et d'infirmiers, par rapport au scénario de référence. « Cet accroissement, notamment chez les médecins, suppose une augmentation des flux d’entrants en formation pour résorber le déficit creusé par le numerus clausus », souligne la Dares.


Source : lequotidiendumedecin.fr