Avec un quart des postes de praticiens hospitaliers (PH) vacants et le départ progressif de la génération des médecins baby-boomers, l'hôpital s'attend à un choc démographique d'envergure dans les cinq années à venir. Pour y remédier, le gouvernement veut encourager la prolongation d'activité des PH. Un décret paru lundi au « Journal officiel » repousse à 70 ans la limite d'âge permettant un exercice hospitalier. Cette disposition de la loi de santé a été défendue par Marisol Touraine « à la demande » des PH.
Depuis 2004, les praticiens hospitaliers sont autorisés à prolonger leur activité de trois ans (sous réserve d'aptitude médicale). La législation permet dorénavant aux médecins nés avant le 1er juillet 1951 de travailler jusqu'à cinq ans de plus – donc jusqu'à 70 ans. Selon leur âge, les PH nés entre le 1er juillet 1951 et le 31 décembre 1954 peuvent également « faire du rab ». Ceux nés après 1955 pourront rempiler pour 36 mois.
En complément, la loi de santé ouvre le droit jusqu'en 2022 au cumul emploi-retraite jusqu'à 72 ans.
Consensus entre PH et directeurs
Les médecins libéraux se montrent très enclins à prolonger l'exercice médical (ils sont plus de 11 500 à profiter du cumul emploi-retraite, soit 18,5 % des praticiens retraités), qu'en est-il des hospitaliers ? Les cinq centrales syndicales bataillent depuis plus d’un an pour redorer le blason du secteur. Mais elles ont peu apprécié que la prolongation d’activité soit la première mesure du plan attractivité de Ségur à voir le jour, bien avant les dispositifs incitatifs, financiers ou organisationnels, pour améliorer les conditions de travail.
« Selon moi, 30 à 40 % des PH demandent à prolonger leur activité, un peu par conscience professionnelle pour faire la jointure avec les nouvelles générations et peut-être, un peu par masochisme », croit savoir le Dr Norbert Skurnik (CMH).
Selon le Dr Max-André Doppia (Avenir hospitalier), un PH sur cinq serait prêt à jouer les prolongations dans certaines spécialités en tension comme l'anesthésie, mais sous certaines garanties : arrêt progressif des gardes, souplesse dans le planning et allégement du temps de travail. L'attrait financier pèse aussi évidemment dans la balance.
Du côté des directeurs d'établissement, la prolongation d'activité fait également consensus. Le SYNCASS-CFDT y voit une « petite bouffée d'oxygène laissée à l'initiative locale » et le SMPS un moyen de maintenir les équilibres fragiles de services réduits à trois ou quatre PH dans les petites structures.
Mesure cosmétique ?
Reste que sur le terrain, la prolongation d'activité n'est en rien perçue comme « la » solution miracle à la pénurie médicale. La mesure est opérationnelle depuis la publication en février d'une instruction anticipatrice du ministère de la Santé. Or, les volontaires ne semblent pas légion. Contacté par le « Quotidien », le Centre national de gestion (CNG), qui gère les carrières des PH, n'a pas été en mesure de nous donner des chiffres permettant de confirmer une réelle appropriation par les médecins et leurs établissements de cette mesure.
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