Éditorial

Un new deal ?

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Publié le 27/03/2020

« Quand la maison brûle, on ne compte pas les litres d'eau pour éteindre l'incendie. » L’annonce en ces termes, par le ministre du Budget, Gérald Darmanin, d’un élargissement inédit de l’ONDAM 2020, suivie des rallonges accordées au budget de la recherche par le Président attestent d’une prise de conscience des pouvoirs publics. Cet atterrissage soudain s’explique par la nécessité d’organiser la riposte en temps de « guerre », pour reprendre un terme utilisé par les deux hommes. On peut regretter qu’il intervienne un peu tard et non sans quelques ratés évoqués dans nos colonnes les jours derniers.

Mais la question ne manquera pas de se reposer une fois la crise passée. Ce virage était-il seulement utilitaire, donc temporaire, à même de rassurer les Français et les médecins sur un secteur dont on craint la surchauffe ces prochains jours ? Ou bien traduit-il un nouvel état d’esprit, susceptible de modifier durablement le regard porté par nos gouvernants sur le monde du soin ? Cette nouvelle doctrine pourrait s’énoncer ainsi, à rebours de décennies d’approches plus ou moins comptables de la santé : « Nous avons une des meilleures médecines du monde ; donnons-nous les moyens de préserver ce trésor ; et de le faire fructifier. »

Personne ne peut prédire avec exactitude de quoi seront faites les prochaines semaines. Mais une évidence s’impose : ce cataclysme sanitaire devra être suivi d’un nouveau deal avec les acteurs de santé en général et avec la médecine en particulier. A leur façon, les Français l’ont perçu avant tout le monde, qui applaudissent chaque soir à 20h les héros de cette bataille d’un nouveau genre, dont certains viennent de perdre la vie pour prix de leur engagement. Demain, une fois cicatrisé cet épisode tragique de notre histoire, il faudra sans doute repenser les moyens dévolus aux blouses blanches. Et, à l’hôpital comme en ville, la déception ne doit pas être au rendez-vous. A défaut, le choc en retour pourrait déstabiliser tout le secteur.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin