La vaccination a beaucoup progressé au cours du dernier mois, malgré une situation de pénurie où la demande surpassait encore l’offre.
Les rendez-vous s’arrachaient — à peine disponibles sur les plateformes de réservation — et les éventuelles annulations ou oublis étaient compensés dans la minute par un patient sur liste d’attente, bien content qu’on fasse appel à lui. Les patients arrivaient en centre de vaccination ravis et presque soulagés d’avoir obtenu le fameux sésame leur permettant d’envisager l’avenir avec plus de sérénité et des vacances sans doute un peu plus insouciantes que prévu initialement.
Il y avait bien une forme de bruit de fond créé par ceux que l’on appelle désormais les « antivax » avec des chefs de file plus ou moins médiatiques ou médiatisés, surfant sur toutes les théories, parfois les plus grotesques, pour tenter de maintenir debout leur raisonnement des plus bancals.
Il y avait aussi cette envie affichée par les pouvoirs publics de faire du chiffre et de vacciner avec une première dose un nombre maximal de patients, pour pouvoir afficher ce chiffre de 30 millions de patients vaccinés au 12 juin. De petits arrangements avec les études scientifiques ont même été pris, en repoussant la deuxième dose parfois au double de la durée préconisée. Plus on retarde la deuxième injection, plus on peut vacciner de patients pour leur première dose. Nous avons sur ce point partagé ces petits arrangements avec nos amis britanniques…
C’était faire fi du fait qu’une seule dose de vaccin à ARN messager protège le patient dans moins de 50 % des cas et qu’un patient ne peut se considérer totalement protégé que 10 jours après la deuxième injection. C’était faire fi du fait que le déconfinement allait pousser certains de nos compatriotes à baisser un peu leur garde sur les gestes barrière. C’est humain. C’est compréhensible. Surtout quand on répète à l’envi que beaucoup sont vaccinés, que l’épidémie baisse.
Et sur ces derniers points, tout est vrai, les chiffres le montrent, nous atteignons des niveaux de fin d’été 2020 et la pression sur les services de réanimation et leurs personnels diminue.
La lassitude de plus d’une année de pandémie entraîne une volonté plus ou moins consciente de tourner la page. D’oublier la Covid-19. Mais malheureusement d’oublier parfois sa deuxième injection, pourtant prévue. De décaler la vaccination à « plus tard » car cette fameuse deuxième injection devrait alors intervenir en pleines vacances, sans savoir si un centre pourra accueillir ces patients sur leurs lieux de villégiature. Après tout, tout va mieux, la vaccination peut peut-être attendre septembre, doivent se dire de bonne foi certains patients.
Les pouvoirs publics ont bien tenté d’essayer de gommer ce dernier point en permettant encore plus de souplesse avec l’intervalle entre les deux injections, au lieu de raccourcir celui-ci à 21 ou 28 jours.
Plafond de verre ?
Toutefois, la vaccination semble atteindre un plafond de verre. De plus en plus de créneaux sont disponibles à la réservation sans trouver preneurs. De plus en plus d’annulations ou de non-venues sont constatées dans les centres, alors même que la liste d’attente censée combler ces défections se réduit comme peau de chagrin. Dans la tête de nos concitoyens, la vaccination semble devenir moins importante. Moins cruciale. Moins de nature à nous éviter une quatrième vague automnale qui nous pend au nez si rien ne change.
Nos voisins britanniques connaissent une poussée d’un nouveau variant dit Indien ou désormais Delta, touchant aussi des patients n’ayant reçu qu’une seule injection, ce qui est somme toute logique vu le niveau de protection d’une seule dose.
Les pouvoirs publics manquent cruellement de pédagogie en matière de santé, trop absorbés à se présenter comme les auteurs en campagne électorale devant être crédités de cette décrue, en oubliant au passage les centaines de milliers de morts et tous les patients qui souffriront de symptômes à long terme. Et, en solution de facilité, le chiffon rouge d’une obligation vaccinale commence à être agité par le Pr Fischer, Monsieur Vaccin Français. Lui-même qui s’était opposé à l’obligation vaccinale chez les enfants, pourtant censée faire renaître la confiance.
Remplacer la pédagogie par la coercition. Donner du grain à moudre aux « antivax » ou aux « vaccinosceptiques ». Du haut de ces quelques lignes, j’ai surtout l’impression que de l’obligation ne naîtra rien d’autre qu’encore plus de défiance mais pas plus de patients vaccinés.
Exergue : Les pouvoirs publics en campagne électorale manquent cruellement de pédagogie en matière de santé
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