La polémique actuelle autour du dépistage généralisé du cancer du sein met en avant le risque de surtraitement. Le test prédictif MammaPrint permettrait d'identifier les cancers du sein présentant un risque métastatique extrêmement faible. Ces cancers, dits indolents, pourraient bénéficier d'une hormonothérapie courte, voire d'une absence d'hormonothérapie, suggère une étude publiée dans le « JAMAOncology ».
L'équipe de l'université de Californie, dirigée par le Pr Laura Esserman, tire ces conclusions de l'analyse rétrospective et des données de suivi sur plus de 20 ans d'un essai randomisé STO-3 (Stockholm Tamoxifen Trial, inclusion de 1976 à 1990). Cet essai comparait l'option tamoxifène versus l'absence de traitement systémique chez 1 780 femmes ménopausées ayant un cancer du sein < 3 cm et N0 préalablement traité par l'association chirurgie + radiothérapie.
Mieux personnaliser le traitement
Pendant deux ans, les femmes prenaient du tamoxifène ou rien. Avec leur consentement, les patientes sans récidive au bout de deux ans de tamoxifène reprenaient trois ans de traitement avec le tamoxifène ou pas. Seulement 35 % des patientes ont été traitées non-stop sur les 5 années. Sur les 652 échantillons évalués avec MammaPrint, 42 % (275) ont été classés à haut risque et 58 % (377) à faible risque, dont 26 % (98) à risque ultra-faible.
L'analyse révèle que ces femmes à risque ultra-faible ayant reçu une hormonothérapie présentaient une survie de 97 % à plus de 20 ans du diagnostic. La majorité d'entre elles (65 %) n'avaient reçu que 2 ans de tamoxifène. Mais celles n'ayant reçu aucune hormonothérapie après l'opération présentaient aussi un taux de survie très élevé, de 94 % à 20 ans.
« C'est très intéressant car environ 20-25 % des tumeurs diagnostiquées aujourd'hui sont vraisemblablement à risque ultra-faible », souligne Laura Esserman. MammaPrint, autorisé par la FDA et marqué CE, permet d'établir un score de risque à partir de la signature génomique basée sur 70 gènes. Dans une synthèse de 2014, l'INCA avait estimé que les données ne permettaient pas de conclure à une valeur ajoutée par rapport aux outils existants, de même qu'un autre test prédictif dans le cancer du sein, l'OncotypeDX. « Cet outil permettra aux médecins de mieux personnaliser le traitement pour le minimiser sans risque et rassurer les femmes si le cancer est à risque ultra-faible », conclut le Dr Esserman.
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