Stimulation cérébrale profonde : les patients deviennent acteurs

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Publié le 23/04/2021
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Des équipes de l’AP-HP et de l’Institut du cerveau ont réalisé l’implantation en France chez trois patients du premier neurostimulateur leur permettant de déclencher eux-mêmes les enregistrements des signaux intracérébraux.
Une implantation d’électrodes cérébrales pour contrôler les symptômes moteurs de la maladie

Une implantation d’électrodes cérébrales pour contrôler les symptômes moteurs de la maladie
Crédit photo : Phanie

Comment mieux évaluer et ajuster un traitement par stimulation cérébrale profonde (SCP), cette technique reposant sur l’implantation d’électrodes cérébrales pour contrôler les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson ? Jusqu’à présent, les paramètres de stimulation et les médicaments associés étaient adaptés avec les informations délivrées par le patient et l’évaluation clinique en consultation.

Le neurostimulateur Percept de la société Medtronic, qui utilise la technologie BrainSense, ouvre la possibilité d’aller vers une médecine plus personnalisée. Cette technologie BrainSense est un outil optionnel de « sensing » permettant de détecter automatiquement et d’enregistrer les signaux « Local Field Potential » (LFP ou potentiels de champs locaux, autour de la zone d’implantation de l’électrode).  
Le patient peut aussi déclencher lui-même les enregistrements des signaux intracérébraux et renseigner sur sa télécommande la survenue de symptômes ou d’événements indésirables.

Les signaux LFP seraient des biomarqueurs des symptômes moteurs qui se manifestent en situation physiologique ou de façon excessive dans un état pathologique.

Pour la première fois, ce dispositif a été implanté en France : trois patients ont été opérés par la Pr Carine Karachi et l’équipe de neurochirurgie du Pr Alexandre Carpentier à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), en février, septembre et décembre 2020. Opérés il y a plusieurs années avec un système de SCP ayant donné de bons résultats (motricité, fluidité des mouvements, tremblements, diminution significative des médicaments), ces trois patients présentaient toutefois des symptômes qui s’aggravaient en raison de l’évolution de la maladie.

L’analyse des résultats chez ces trois patients a permis d’identifier les signaux cérébraux résiduels et d’affiner les réglages de la SCP ainsi que la prise des médicaments. Cette innovation est la première étape avant la mise en place dans les années à venir d’un système adaptatif fonctionnant en boucle fermée (« Closed-Loop »), c’est-à-dire un neurostimulateur capable d’enregistrer l’activité du cerveau et d’adapter lui-même la SCP à l’aide d’algorithmes.

Dr I.D.

Source : Le Quotidien du médecin