Développement professionnel continu

C’est parti !

Publié le 27/01/2011
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« IL EST CLAIR qu’il va falloir faire preuve de pédagogie pour expliquer à nos confrères infectiologues ce nouveau dispositif de DPC. Beaucoup avaient déjà eu un peu de mal à y voir clair avec l’introduction de l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP). Aujourd’hui, il va falloir se familiariser avec le DPC », explique le Pr Roblot. « Pour l’instant, le dispositif fait un peu l’effet d’une usine à gaz. Mais il faut lui laisser le temps de se mettre en place », ajoute le Dr Riché.

Mis en place par la loi Hôpital, patients, santé, territoire (HPST) votée à l’été 2009, « le DPC a pour objectif l’évaluation des pratiques professionnelles, le perfectionnement des connaissances, l’amélioration de la qualité et de la sécurité de soins ainsi que la prise en compte des priorités de santé publique et de la maîtrise médicalisée des dépenses. Il constitue une obligation pour les médecins », stipule l’article 59 de la loi HPST. Ce nouveau dispositif vise donc à réunir la formation médicale continue (FMC) et l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP), qui jusque-là, fonctionnaient de manière séparée.

En une seule démarche.

« Les programmes de DPC regrouperont en une seule démarche l’acquisition des connaissances et l’analyse des pratiques. Nous cherchons à simplifier la vie des médecins. Ces programmes se substitueront aux multiples actions de FMC et d’EPP auxquelles ils devaient s’inscrire jusqu’à présent », expliquait Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé en avril dernier. A partir du 1er janvier 2012, tous les médecins devront participer à un programme annuel ou pluriannuel de DPC.

Le DPC est conduit sous l’égide de la Fédération des spécialités médicales (FSM), la Haute Autorité de santé (HAS) et, dans chaque spécialité, un Conseil national professionnel. « Le ministère et la FSM nous ont demandé de créer un Conseil national professionnel de l’infectiologie. Il se trouve que nous venions tout juste de mettre en place la Fédération française d’infectiologie (FFI), qui, faut-il le rappeler, regroupe la SPILF, le CMIT et le SNMInf. Nous avons décidé que la FFI serait ce Conseil national professionnel. Les deux noms sont désormais accolés l’un à l’autre », précise le Pr Roblot.

Une commission DPC indépendante.

Au sein de la FFI a été mise en place une commission DPC indépendante avec un budget qui lui est propre. « Cette commission regroupe des représentants des trois institutions fondatrices de la FFI mais aussi de toutes les institutions qui font de l’infectiologie à un titre ou un autre : Société française de lutte contre le sida, Société française de microbiologie, la Société française d’hygiène hospitalière… Notre spécialité a la particularité d’être transversale. Et l’objectif de cette commission DPC est de mettre tout le monde autour de la table pour définir de façon collégiale des thèmes prioritaires de formation et d’évaluation », indique le Pr Roblot.

De son côté, le Dr Riché insiste sur l’intérêt de ce travail mené en commun. « Cela sera nécessaire pour monter des projets de qualité et en lien avec l’actualité, qui puissent être présentés à la FSM et à la HAS. Cette année, au nom de la SPILF, nous avons retenu le thème de bon usage des fluoroquinolones. Ce projet, qui sera soutenu par la HAS, devra avoir un impact à la fois sur l’écologie, l’économie et le bon usage. Nous estimons aussi primordial de garder un thème annuel sur le sida car l’épidémie est toujours active, ainsi qu’un thème sur le bon usage des antibiotiques. Là aussi, c’est un thème d’importance, on le voit avec l’apparition de bactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargi, qui est un réel problème de santé publique », ajoute-elle.

Quant à la SPILF, elle continuera à faire de la FMC. « On estime que c’est le rôle d’une société savante. Nous allons ainsi continuer à organiser notre journée annuelle pour les référents en antibiothérapie. Au cours de notre congrès annuel, les Journées nationales d’infectiologie (JNI), nous allons aussi continuer à proposer des sessions spécifiques de formation continue, avec par exemple des sessions interactives ou de bonnes pratiques », conclut le Pr Roblot.

* D’après un entretien avec le Pr France Roblot, unité des maladies infectieuses du CHU de Poitiers, et le Dr Agnès Riché, services des maladies infectieuses du CH d’Angoulême.

ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes