Face aux controverses, les sociétés savantes de pédiatrie appellent à « faire confiance à l’expertise scientifique »

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Publié le 16/10/2020
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Crédit photo : PHANIE

Déplorant la « cacophonie d’experts autoproclamés », les « controverses multiples » alimentées par des « messages sans argumentation scientifique approfondie » et les « querelles qui ont alimenté bien des peurs inutiles », les représentants de différentes sociétés savantes de pédiatrie plaident, dans une tribune publiée le 13 octobre dans « Ouest France », en faveur de la réhabilitation de l’expertise scientifique collégiale.

« La rentrée scolaire est l’illustration exemplaire de notre difficulté collective à faire confiance à une démarche scientifique », regrettent-ils, avant de dérouler les faits. Dès la fin du mois d’août, la Société française de pédiatrie, le Conseil national de pédiatrie et l’Association française de pédiatrie ambulatoire avaient établi le risque faible de cas graves chez les enfants et proposé une gestion « pragmatique » de la crise en milieu scolaire. Pourtant, des polémiques ont émergé, portées par « des personnalités, indépendantes de toute société savante, et sans expertise pédiatrique ».

Clore le débat

Afin de « clore le débat », les auteurs dressent le bilan des mesures adoptées. Les enfants de moins de 10 ans (sans masque en milieu scolaire) sont « les moins touchés par la résurgence de l’épidémie ». Les clusters en milieu scolaire (pré-primaire ou primaire) ne représentent que 3,7 % de l’ensemble des clusters analysés et les fermetures de classe « restent une exception » (0,2 % des classes le 25 septembre et 0,04 % le 9 octobre).

De même, le taux de cas positifs chez les élèves « reste faible et sans augmentation » à 0,04 % depuis le 18 septembre (5) et les taux d’infection chez les personnels adultes n’excèdent pas ceux observées dans la population générale. Enfin, le taux d’hospitalisation chez les moins de 15 ans (moins de 1 % des hospitalisations pour Covid) est conforme « à la fréquence attendue ».

Le milieu scolaire ne représente ainsi « pas un danger supplémentaire, ni pour les enfants, ni pour leurs enseignants, ni pour la dynamique de l’épidémie », insistent les auteurs. Leur position est « restée jusqu’à ce jour peu audible et souvent rangée au rang de simple participant aux joutes contradictoires », s’alarment-ils. Ils appellent à « mieux réfléchir à la place que devrait tenir dans le débat public le travail scientifique basé sur les preuves et mené par des experts reconnus dans le domaine concerné ».

Les signataires : Pr Christophe Delacourt, président de la Société française de pédiatrie (SFP), Pr Christèle Gras-Le Guen, secrétaire général de la SFP, Pr Brigitte Chabrol, présidente du Conseil national professionnel de pédiatrie, Pr Robert Cohen, président du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique de la SFP, Dr Fabienne Kochert, présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire, Pr Elise Launay, présidente du Groupe de pédiatrie générale de la SFP, Pr Pierre Tattevin, président de la Société de pathologie infectieuse de langue française.


Source : lequotidiendumedecin.fr