Pour les personnes en grande précarité vivant dans des centres d’hébergement, la crise sanitaire s’est traduite par un important renoncement aux soins hors Covid et par une dégradation à la fois de la santé mentale et de la situation socio-économique.
Cette observation est tirée de l’étude ECHO, menée par Santé publique France, du 2 mai au 7 juin 2020, auprès de 535 personnes mises à l’abri par les autorités pendant le premier confinement (centres d’hébergements maintenus ouverts au-delà de la trêve hivernale, lieux collectifs ou hôtels réquisitionnés).
Cette population, majoritairement masculine (75,3 %) et nés à l’étranger (89,3 %), a été interrogée via un questionnaire (en français simplifié ou en anglais), administré par des enquêteurs bilingues, avec l’aide d’un interprète téléphonique si nécessaire.
Un impact comparable à celui observé en population générale
Alors que plus de la moitié d’entre eux déclaraient une maîtrise faible, voire nulle, du français, les participants ont affiché des « connaissances et pratiques relatives à la maladie Covid-19 comparables à celles observés en population générale française », est-il d’abord relevé.
De la même manière que la population française, les participants ont eu moins recours aux soins pour d’autres pathologies que le Covid. Parmi les participants ayant eu besoin de consulter, 19 % n’ont pas rencontré de médecin, « soit par peur d’être contaminés, par méconnaissance du système de soins ou du fait de l’impossibilité de se déplacer ou d’avoir une téléconsultation », est-il précisé. Chez les 135 participants atteints d’une maladie chronique, 15,4 % n’ont ainsi pas pu consulter, alors qu’ils en avaient besoin.
Leur santé mentale s’est aussi dégradée, suivant encore les observations réalisées en population générale. Plus d’un tiers des participants (37 %) se sont sentis plus seuls qu’auparavant. Et, « malgré l’absence de données sur l’état de santé mentale dans notre population d’étude avant le confinement, une dégradation durant le confinement est possible, le taux de dépression mesuré étant supérieur (28,5 %) à celui habituellement observé chez les populations en situation de précarité », est-il indiqué.
Les consommations de tabac et d’alcool ont, en revanche, eu tendance à diminuer ou à rester stables parmi les personnes interrogées. Cette stabilité pourrait « s’expliquer par une baisse de ressources financières des personnes, le fait d’être hébergé et la période de Ramadan, mais également par l’exclusion de l’enquête des personnes ayant une consommation importante », est-il souligné.
Une bonne connaissance de la maladie et des mesures
Concernant la situation épidémique et les mesures recommandées, les participants se sont informés par les réseaux sociaux (77,6 %), les proches (74,9 %), la télévision (72,2 %) et les informations transmises au sein du centre d’hébergement (affiches 67,5 %, travailleurs sociaux 66,2 %).
La grande majorité d’entre eux connaissaient les symptômes du Covid-19, mais un tiers ignorait l’existence d’une transmission asymptomatique. Les mesures de prévention et la conduite à tenir en cas de symptômes (test, isolement) étaient également bien connues, mais leurs mises en application ont pu être entravées par les conditions de logement, la nécessité de se déplacer pour conserver un emploi ou l’absence d’alternatives aux transports en commun.
Comme ce qui a été observé en population générale, l’adoption des mesures semble associée à l’âge, l’activité professionnelle, le niveau de diplôme, la littératie en santé (cette aptitude à lire, à comprendre et à utiliser l'information écrite dans la vie quotidienne) et l’activité professionnelle. La tendance vis-à-vis d'un potentiel vaccin suit celle de la population générale : une partie des participants (40,9 %) a exprimé une méfiance, avec 29,4 % n'étant pas prêts à se faire vacciner et 11,5 % se déclarant hésitants.
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