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E-cigarette, dangereuse ou aide utile au sevrage ?

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Publié le 03/02/2020
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La e-cigarette est en passe de diabolisation. Que penser de la prise de position tranchée de l’OMS. En France, les sociétés savantes ont adopté une attitude plus réservée.
Les liquides vendus en France sont enregistrés à l’ANSES

Les liquides vendus en France sont enregistrés à l’ANSES
Crédit photo : Phanie

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait attiré l’attention sur les risques potentiels liés au vapotage en août 2019, l’institution onusienne a publié une nouvelle mise en garde renforcée le 20 janvier 2020. Pour l’OMS, les cigarettes électroniques sont dangereuses car elles contiennent de la nicotine, très addictive. Les jeunes vapoteurs sont ainsi plus à risque de devenir ultérieurement fumeurs de cigarettes.

Le vapotage majore le risque d’atteinte cardiaque et pulmonaire et altère le développement fœtal ; les produits de la e-cigarette sont nocifs à la fois pour les utilisateurs et pour leur entourage. Par ailleurs, le liquide peut occasionner des brûlures, et se révéler nocif s’il est absorbé ou en contact avec la peau. La position est toutefois moins défavorable quand il s’agit de comparer sa dangerosité avec celle de la cigarette classique. La toxicité de la cigarette électronique dépend de la quantité de nicotine et autres substances contenues dans les liquides, mais « n’est certainement pas inoffensive ». Une épidémie de pneumopathies liée à l’usage de la cigarette électronique (EVALI) est rapportée aux États-Unis. Les liquides incriminés dans le cadre de la survenue d’une épidémie de pneumopathies aiguës rapportée aux États-Unis depuis mi-2019 étaient dans 75 % des cas achetés hors du circuit officiel et contenaient du cannabis ou ses dérivés ainsi que de l’acétate de vitamine E, interdite en Europe. L’OMS appelle donc au minimum à réguler son usage et à la taxer comme les autres produits du tabac. Il est évident que le vapotage est à bannir chez les adolescents et les enfants non-fumeurs. En ce qui concerne l’aide au sevrage, pour l’OMS on manque encore d’arguments sur son efficacité, et son utilisation ne permettrait pas le sevrage de la nicotine.

Les liquides vendus en France,  contiennent un solvant, le propylène glycol et/ou la glycérine végétale, ainsi qu’un arôme sont enregistrés à l’ANSES six mois avant leur commercialisation. Il faut donc recommander en France l’utilisation exclusive des liquides commercialisés en France et exclure ceux achetés sur internet ou auprès de tiers.

Une alternative pour l’arrêt du tabac ?

La véritable question est de mettre en balance ces risques avec ceux liés à la consommation de tabac. Il est à l’origine de nombreuses pathologies et en aggrave également un grand nombre. Enfin, quel que soit l’âge, son arrêt est toujours bénéfique.

Selon Santé publique France, l’e-cigarette était le produit le plus utilisé chez les deux tiers des personnes ayant tenté d’arrêter de fumer au moins 24 heures dans le cadre du Mois sans tabac. Elle aurait permis, seule ou associée à d’autres aides, à 700 000 fumeurs d’arrêter en sept ans. Une étude parue dans le New England Journal of Medicine début 2019 a montré un taux d’arrêt à un an près de deux fois supérieur par rapport à un traitement de substitution nicotinique. Dans le sevrage tabagique, le message le plus important est l’arrêt de la consommation de tabac. En effet, rester vapo-fumeur est une pratique particulièrement délétère.

 

Une alternative pour l’arrêt du tabac ?

La cigarette électronique dégage un aérosol et non des produits de combustion, et émet moins de substances toxiques que la fumée du tabac dans de bonnes conditions d’utilisation. Ses effets à long terme sont inconnus à ce jour. La véritable question est de mettre en balance ces risques avec ceux liés à la consommation de tabac. Celui-ci est la première cause de mortalité évitable en France et la première cause de cancers. Il est à l’origine de nombreuses pathologies et en aggrave également un grand nombre. Enfin, quel que soit l’âge, son arrêt est toujours bénéfique.

Selon Santé publique France, l’e-cigarette était le produit le plus utilisé chez les deux tiers des personnes ayant tenté d’arrêter de fumer au moins 24 heures dans le cadre du Mois sans tabac. Elle aurait permis, seule ou associée à d’autres aides, à 700 000 fumeurs d’arrêter en sept ans. Une étude parue dans le New England Journal of Medicine début 2019 a montré un taux d’arrêt à un an près de deux fois supérieur par rapport à un traitement de substitution nicotinique. Dans le sevrage tabagique, le message le plus important est l’arrêt de la consommation de tabac. En effet, rester vapo-fumeur est une pratique particulièrement délétère.

La Société francophone de tabacologie (SFT) associée à la Société de pneumologie de langue française (SPLF) ont adopté une attitude plus raisonnée. «Les nouvelles déclarations de l’OMS du 20 janvier, présentées sous forme de questions-réponses ne sont pas argumentées et cette simplification ne permet pas de mettre en avant les conditions dans lesquelles une cigarette électronique peut être utilisée dans le sevrage tabagique, estime la Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la SFT. La cigarette électronique peut aider les fumeurs à l’arrêt. Parfois il faut rajouter un traitement pharmacologique. Nous ne connaissons pas les risques à long terme de son utilisation. L’important au niveau individuel en médecine, est d’encourager les fumeurs à l’arrêt complet et de suivre leur tentative d’arrêt pour augmenter le taux de sevrage à long terme.»

 

Information et conseils aux fumeurs sur la cigarette électronique (vape)utilisée dans un objectif d’aide au sevrage tabagique
http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/Vape-SFT_SPLF-Moissans…

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin