Les antivax se payent des pubs à Toulouse, l’Ordre des médecins saisit le préfet de Haute-Garonne

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Publié le 16/08/2022

Crédit photo : DR

Difficile de rater cette affiche publicitaire de quatre mètres sur trois, installée à proximité de plusieurs écoles dans un quartier du nord de Toulouse. Le message se veut clairement alarmiste sur l’innocuité des vaccins contre le Covid pour les enfants.

Elle est signée par un « conseil scientifique indépendant », groupe d’experts autoproclamés, et par le collectif ReInfo Covid, lancé au début de l’épidémie par le Dr Louis Fouché, figure emblématique du mouvement antivax en France. Habituellement confinée à Internet et aux réseaux sociaux, leur propagande s’affiche aujourd’hui sur la voie publique.

Cette publicité aux allures d’information sanitaire n’a pas manqué de scandaliser plusieurs médecins qui l’ont repérée sur Twitter après la diffusion d’une photo le week-end dernier. Le Dr Jérôme Marty s’en est lui-même offusqué. Le président de l’UFML-S a dénoncé une « communication mensongère et manipulatoire » et interpellé le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, en lui demandant de mettre fin à cette campagne. Il a également invité le Conseil de l’Ordre des médecins à réagir… ce que l’instance n’a pas tardé à faire par la voix du Pr Stéphane Oustric.

Le président du Conseil départemental de Haute-Garonne n’était pas en mesure de répondre aux sollicitations du « Quotidien » ce mardi mais, dans un tweet diffusé la veille, il assure avoir saisi le préfet sur cette affaire qui remonte à la fin du mois de juillet.

La mairie de Toulouse impuissante

Une première affiche antivax est en effet apparue à cette époque boulevard de l’embouchure, à Toulouse. Alertée par des habitants choqués par le message véhiculé, la mairie dit avoir étudié les possibilités de la faire retirer. « Même s’il est visible depuis la voie publique, ce panneau publicitaire est implanté sur un terrain privé et en dehors du réseau d’affichage de la ville, précise au "Quotidien" le service de presse du Capitole. Le seul motif pour lequel nous pourrions intervenir, ce serait un trouble à l’ordre public. Mais ce n’est pas le cas. »

La ville assure que ces affiches sont peu nombreuses, trois ayant été répertoriées à ce jour (dont une dans la commune de Saint-Orens, située dans la banlieue de Toulouse). Mais elle reconnaît que cette campagne, à l’opposé des messages de santé publique officiels, l’embarrasse et que le service juridique étudie toutes les possibilités pour la faire interdire.

Selon la presse locale, ce panneau appartient à la société LPS Luchetta Affichage, détenue par Publimat, un spécialiste de l’affichage publicitaire basé à Pompey en Meurthe-et-Moselle. Ses responsables n’ont pas répondu aux sollicitations du « Quotidien ». Fin juillet, la société aurait toutefois affirmé vérifier systématiquement les contenus affichés sur son réseau .


Source : lequotidiendumedecin.fr