Port du masque : le Covars appelle à son renforcement dans les lieux clos, sans trancher sur l'obligation

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Publié le 19/12/2022

Crédit photo : Phanie

Attendu sur la question de l'obligation du port de masque, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) vient de publier un nouvel avis sur le Covid. Sans trancher, le nouveau comité y expose ses arguments et recommande avant tout de rechercher l'adhésion des populations et des soignants aux moyens de prévention. Ce troisième avis - le deuxième sur le Covid - fait suite à une autosaisine et a été remis le 16 décembre au gouvernement, avant d'être rendu public de 19 décembre.

Lors d'un point presse, le Pr Bruno Lina, membre du Covars, a fait un point sur la triple épidémie Covid/bronchiolite/grippe. Concernant le Covid, le sous-lignage BQ.1.1 d'Omicron est désormais majoritaire. Après un pic probablement atteint mardi ou mercredi dernier selon le virologue lyonnais, l'incidence décroît, mais cette décroissance ne se traduit pas encore sur la charge hospitalière qui demeure importante, précise-t-il.

L'épidémie de grippe, caractérisée par une prédominance de la circulation de la souche H3N2 (très proche de celle ciblée par le vaccin), s'accélère. Quant à l'épidémie de bronchiolite liée au VRS qui a été particulièrement précoce et intense, elle est en phase de décroissance. Néanmoins, le virologue met en garde contre un basculement des infections vers les personnes vulnérables.

Des arguments pour et contre

Dans ce contexte, très similaire aux autres pays européens, le Covars rappelle l'importance de la prévention qui doit associer respect des gestes barrières et vaccination. Il convient désormais de « considérer que les mesures barrières concernent à la fois le Covid, la bronchiolite et la grippe mais aussi d'autres infections respiratoires », souligne la Pr Brigitte Autran, présidente du comité, estimant qu'un nouveau mode de pensée doit être adopté dans notre vie quotidienne alors que nous entrons dans une nouvelle histoire des maladies infectieuses.

Actuellement, le port du masque demeure peu respecté dans les lieux clos, en particulier dans les transports en commun, malgré les nombreux appels. « Nous recommandons un renforcement du port de masque dans tous les milieux clos, insuffisamment ventilés, avec une forte circulation humaine », souligne ainsi la Pr Autran.

Le Covars ne va toutefois pas jusqu'à recommander son obligation, mais détaille une série d'arguments qui en souligne l'intérêt potentiel tout comme ses limites. Parmi les éléments favorables, citons notamment « un effet rapide sur le respect du port du masque » et « la nécessité d’une forte proportion de personnes portant le masque dans des lieux de promiscuité, afin de garantir une protection optimale et l’inclusion des personnes les plus vulnérables dans l’espace public ».

Le port du masque, un geste citoyen et solidaire

Quant aux arguments en défaveur de l'obligation, le Covars évoque la « perception de la limitation des libertés individuelles » et « l'inscription de la triple épidémie de viroses respiratoires dans un rythme saisonnier annuel, ce qui devrait au contraire inciter à une recherche active de l’adhésion des individus et des communautés au port du masque à chaque reprise épidémique, notamment par un effort d’information spécifique de la part des autorités ».

Le port du masque, efficace contre les différentes maladies hivernales, doit devenir un geste citoyen, poursuit la Pr Autran : « Il est absolument nécessaire de protéger la société. La vaccination et le respect des gestes barrières représentent un élément intégral de solidarité envers les personnes fragiles mais également les soignants. »

Toujours concernant le masque, « nous demandons aussi de renforcer son accessibilité, de manière à ce qu'il puisse être disponible dans beaucoup d'endroits, voire gratuit si cela est possible », note la présidente du Covars. La ventilation des espaces clos doit par ailleurs être améliorée.

Renforcer la vaccination grippale et anti-Covid

L'infectiologue a également insisté sur l'importance de la vaccination antigrippale et du deuxième rappel anti-Covid à l'approche des fêtes. Actuellement, quasiment 40 % des 60-79 ans ont reçu ce rappel et seulement 16 à 17 % des 80 ans et plus. « C'est insuffisant », estime la Pr Autran, rappelant les bénéfices du deuxième rappel, en particulier chez les personnes à risque de forme grave.

La présidente du Covars a par ailleurs rappelé la possibilité qu'ont les médecins de faire des prescriptions conditionnelles de Paxlovid, seul traitement qui a gardé une réelle efficacité face aux nouveaux variants : les patients peuvent se voir délivrer le médicament sous présentation d'un test positif, afin que le traitement puisse être pris dans les trois à cinq jours suivant les premiers symptômes.


Source : lequotidiendumedecin.fr