Prendre en charge le burn-out : la HAS donne ses recommandations

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Publié le 22/05/2017
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Crédit photo : PHANIE

En réponse à une saisine du ministère de la Santé au printemps 2016, la Haute Autorité de santé (HAS) rend publiques ses recommandations sur le repérage et la prise en charge cliniques du syndrome d'épuisement professionnel, ou burn-out, à destination des généralistes et des médecins des services de santé au travail.

Sans rentrer dans les polémiques sur la reconnaissance du burn-out, voire la création d'un tableau de maladies professionnelles, exposées notamment dans un récent rapport parlementaire, la HAS adopte une approche pragmatique et clinique.

Alors que l'Académie de médecine dénonçait dans son rapport de 2016 l'imprécision et le flou de la notion, la HAS précise que « le burn-out est un ensemble syndromique qui nécessite une démarche diagnostique », tout en ajoutant qu'il n'est pas une maladie caractérisée et ne figure pas dans les classifications de référence (CIM-10 et DSM V). Sa définition : un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d'un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel.

Un diagnostic difficile, mais nécessaire

Repérer le burn-out est difficile, reconnaît la HAS, car ses manifestations varient selon les individus, s'installent progressivement et insidieusement, et ne lui sont pas spécifiques. Néanmoins, une démarche diagnostique est possible et nécessaire, pour caractériser la sévérité du trouble. La HAS liste ses principales manifestations, émotionnelles (anxiété, tristesse, irritabilité, absence d'émotion, etc.), cognitives (troubles de la mémoire, de la concentration, etc.), comportementales ou interpersonnelles (repli, agression, addictions, etc.), motivationnelles (baisse de motivation, dévalorisation, etc.), ou non spécifiques (asthénie, troubles musculo-squelettiques, troubles du sommeil, etc.).

Les médecins doivent également repérer la coexistence éventuelle de troubles psychiques sous-jacents (dépression, troubles anxieux, de l'adaptation, stress post-traumatique), en portant une attention particulière au risque suicidaire. Ils doivent s'intéresser aux conditions de travail, en lien avec le médecin du travail, ou le centre de consultation de pathologies professionnelles, car des facteurs de risque psychosociaux peuvent exister. Enfin, les facteurs individuels et antécédents personnels et familiaux doivent être investigués, pour préconiser le cas échéant une prévention renforcée, et non « constituer un élément de sélection des travailleurs, ou exonérer la responsabilité de l'environnement du travail », prévient la HAS.

La HAS reste prudente à l'égard des questionnaires Maslach Burn-out Inventory (MBI) ou Copenhagen Burn-out Inventory (CBI), non pensés en vue d'un repérage individuel. Mais elle concède qu'ils peuvent être « utilisés comme outil par les médecins pour guider un entretien avec le patient ».

Les soignants, une population à risque

Les professionnels de santé sont particulièrement exposés, met en garde la HAS, en raison de la pénibilité de leur travail, tant sur le volet organisationnel que sur sa nature même, marquée par la confrontation quotidienne à la souffrance et à la mort. Et de recommander un traitement spécifique via un réseau de soin adapté.

En termes de prise en charge, la HAS trace plusieurs sillons. D'abord, un arrêt de travail est le plus souvent nécessaire. Le médecin traitant coordonne la prise en charge, mais il est recommandé qu'il contacte le médecin du travail (pour l'analyse du poste de travail et la mise en place d'actions de prévention), et qu'il sollicite l'intervention d'un psychiatre, pour réaliser un diagnostic psychopathologique, une adaptation thérapeutique, prendre en charge un trouble sévère ou prolonger un arrêt de travail. La prescription d'un traitement antidépresseur est uniquement recommandée dans le cadre de ses indications, si le burn-out est associé à des troubles caractérisés. Sinon, la HAS préconise une combinaison d'interventions psychothérapeutiques ou psychocorporelles.

Enfin, le retour au travail doit être préparé, avec des visites de pré-reprises avec le médecin du travail et l'équipe pluridisciplinaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr