Réchauffement climatique : le Giec exhorte de nouveau à une action urgente pour un « avenir vivable »

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Publié le 20/03/2023

Crédit photo : PHANIE

Le « résumé pour les décideurs » publié ce 20 mars par le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est « un guide de survie pour l'humanité », selon le secrétaire général de l'ONU, António Guterres. Cette dernière publication dans le cadre du sixième rapport d’évaluation des experts du climat, résumé de neuf années de travaux, se veut un « message d’espoir », a insisté le président du Giec, Hoesung Lee, lors d’une conférence de presse.

« Nous avons le savoir-faire, la technologie, les outils, les ressources financières et tout ce dont on a besoin pour surmonter les problèmes climatiques que nous avons identifiés, a-t-il indiqué. Ce qui manque pour l'instant, c'est une volonté politique forte afin de les résoudre une fois pour toutes ».

Des températures déjà en hausse de 1,1 °C en moyenne

Le document est une synthèse des rapports d'évaluation des trois groupes de travail du Giec (publiés en 2021 et 2022 sur les bases physiques du réchauffement, sur les impacts et sur les solutions d’atténuation) et sur trois rapports spéciaux sur le réchauffement climatique de 1,5 °C, sur le changement climatique et la terre et sur l'océan et la cryosphère dans un climat changeant.

Ce texte de consensus a été adopté la veille par l’ensemble des 195 États membres qui composent le Giec, après des discussions menées en Suisse. Il sera au cœur des tractations politiques et économiques des prochaines années et notamment lors du prochain sommet climat de l'ONU en décembre à Dubaï. Cette COP28 sera l’occasion de dresser un premier bilan des efforts de chaque pays dans le cadre de l'accord de Paris et de négocier l’avenir des énergies fossiles.

Un terrain favorable à la transmission des maladies

Dans leur résumé, les experts rappellent que « les activités humaines, principalement par le biais des émissions de gaz à effet de serre, ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète ». Ce réchauffement atteindra 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle dès les années 2030-2035, avertissent-ils, alors que cette hausse apparaît dans presque tous les scénarios à court terme, compte tenu de l’accumulation des gaz à effet de serre depuis un siècle et demi.

La température a déjà grimpé de 1,1 °C en moyenne. En conséquence, les évènements climatiques extrêmes (canicules, sécheresses ou pluies diluviennes) sont plus fréquents, entraînant une mortalité accrue et offrant un terrain favorable à la transmission de maladies. Aussi, près de la moitié de l’humanité (entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes) vit dans des « contextes hautement vulnérables au changement climatique » et la même proportion est exposée à des difficultés d’accès à l’eau et à l’alimentation. Et, ce sont les communautés qui ont le moins contribué au réchauffement qui subissent les conséquences les plus graves.

L'espoir reste permis

Pourtant, « des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (...) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies », écrivent les experts. « Ce rapport de synthèse souligne l'urgence à prendre des mesures plus ambitieuses et montre que, si nous agissons maintenant, nous pouvons toujours assurer un futur vivable pour tous », explique Hoesung Lee.

L’urgence est d’autant plus marquée que les impacts du dérèglement climatique sont plus graves qu’estimé dans le précédent rapport de synthèse de 2014. « Les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu'à présent seront parmi les plus fraîches d'ici à une génération », alerte Friederike Otto, coautrice de la synthèse, citée par l’AFP. « Les émissions devraient déjà diminuer et devront être réduites de près de moitié d'ici à 2030, si l'on veut limiter le réchauffement à 1,5 °C », recommandent les auteurs.

Des bénéfices sur la santé mais aussi économiques 

Ce constat appelle à un développement « résilient », intégrant des efforts d'adaptation au changement climatique et de réduction des émissions pour des bénéfices larges. « L’accès à l'énergie et aux technologies propres améliore la santé, en particulier pour les femmes et les enfants ; l'électrification à faible émission de carbone, la marche, le vélo et les transports publics améliorent la qualité de l'air, la santé, les opportunités d'emploi et assurent l'équité », citent en exemple les experts.

« Les bénéfices économiques et sociaux d'une limitation du réchauffement climatique à 2 °C dépassent le coût des mesures à mettre en place », plaident également les scientifiques du Giec. Et tout retard dans la mise en œuvre de mesures ambitieuses élèverait la marche à franchir, est-il relevé, alors que des changements sont nécessaires dans tous les secteurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr