Transfusion de plasma de patients guéris à des patients Covid-19 : l'Académie de médecine recommande de produire des anticorps de manière standardisée

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Publié le 09/04/2020

Crédit photo : Phanie

Alors qu'une équipe française s'apprête à évaluer l'intérêt de la transfusion de plasma de patients guéris à des patients Covid-19 dans le cadre d'un essai clinique contrôlé contre placebo, l'Académie de médecine appelle à « préparer des immunoglobulines hyperimmunes dans les règles de l’art ».

Deux études préliminaires chinoises, l'une portant sur dix patients et la seconde sur cinq, ont montré que cette stratégie est bien tolérée et semble améliorer l'état clinique de patients graves grâce aux anticorps neutralisants dirigés contre le SARS-CoV-2 du plasma de patients guéris ou convalescents.

Des risques non négligeables

L'Académie nationale de médecine rappelle néanmoins que la sérothérapie n'est pas sans inconvénient : « La nature, le titre et le pouvoir neutralisant des anticorps sont très variables d’un donneur à l’autre. De plus, les risques liés à la présence de citrate, au volume perfusé chez des patients fragiles, à la possible transmission d’agents infectieux et au transfert de molécules pro-inflammatoires ne sont pas négligeables. »

Pour limiter ces risques, l'Académie recommande de constituer des pools de plasma de patients immunisés présentant des taux d'anticorps élevés afin de préparer des immunoglobulines hyperimmunes. L'Académie liste les avantages d'une telle démarche : risque de transmission virale réduit grâce aux procédés d’inactivation, meilleure qualification du produit, amélioration de la qualité scientifique et du niveau de preuve des études qui seront menées du fait de la standardisation des lots, apport d’immunoglobulines antipneumococciques et antigrippales chez des sujets à risque de surinfection.

Utilisation préventive

En plus du traitement des formes graves de Covid-19, les immunoglobulines hyperimmunes pourraient avoir d'autres indications. L'Académie suggère de les associer en sortie de confinement au dépistage sérologique chez des personnes non immunisées ayant un proche infecté afin de prévenir une éventuelle contamination, notamment dans les EHPAD, et éventuellement de traiter en tout début d'infection les patients fragiles à risque de forme grave.

« La France a les moyens scientifiques et industriels pour initier au plus vite des essais thérapeutiques et un programme de production qui pourrait avoir un impact rapide et important dans le traitement et la prévention de cette infection », estime l'Académie.


Source : lequotidiendumedecin.fr