LA SUISSE, comme la France, discute beaucoup de la revalorisation de la médecine de premier recours. Un médecin généraliste suisse gagne en moyenne 160 000 euros par an, tandis que les spécialistes empochent en moyenne 250 000 euros par an. À l’hôpital, certains spécialistes atteignent le million de francs suisses (825 000 euros).
Pour rendre son lustre à la médecine générale, un élu pense tenir la solution : le plafonnement des salaires à l’hôpital. Alex Kuprecht considère que « la limite supérieure des salaires des médecins hospitaliers devrait se situer entre 400 000 et 500 000 francs » (soit dans une fourchette 330 000/410 000 euros). L’homme, qui préside la commission de la santé du Conseil des États, est membre de l’UDC, le plus à droite des partis représentés au sein du gouvernement suisse, qui a fait parler de lui en Europe par son combat contre les minarets. L’UDC, traditionnellement opposée aux hausses d’impôts, détient un quart des sièges au Conseil national. La proposition d’Alex Kuprecht n’a pas scandalisé la classe politique helvétique. Plusieurs conseillers d’État d’autres partis y sont favorables.
« Chimère ».
Chez les médecins, c’est le tollé. Le Dr Jacques de Haller préside la Fédération des médecins suisses, le principal syndicat qui fait également office d’Ordre des médecins. S’il juge légitimes les revendications des généralistes, qui ont « cinq années d’internat derrière eux », le Dr Jacques de Haller s’oppose au scénario proposé par l’UDC. « Vouloir redistribuer l’argent des spécialistes aux généralistes est une idée fixe de la droite, mais c’est une chimère. En Suisse, il y a 8 000 généralistes et 8 000 spécialistes : il n’y a pas le volume d’argent nécessaire. » Le chef de file syndical explique cette proposition de l’UDC par son refus d’augmenter les cotisations. Il rappelle le contexte : « Un nouveau mode de financement des hôpitaux va être introduit en 2012, qui entraînera une augmentation des tarifs hospitaliers. Cette augmentation va se répercuter sur les primes [les cotisations, NDLR] d’assurance-maladie – aujourd’hui, cette cotisation est d’environ 400 francs suisses par mois et par personne [330 euros]. Alex Kuprecht, de façon populiste, a essayé de faire voter un blocage des primes d’assurance-maladie entre 2012 et 2014. Les collectivités publiques auraient payé la différence, mais le Parlement s’y est opposé il y a deux semaines. Alex Kuprecht a donc décidé de tomber sur les médecins qui gagnent beaucoup. » Plafonner les revenus médicaux pourrait conduire les meilleurs médecins à partir vers le privé ou à l’étranger, met en garde Jacques de Haller.
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