La PMA pour toutes est en passe d’être votée dans notre pays ! Médicalement le médecin intervient en matière de PMA lorsqu’un couple (hétéro) n’arrive pas à concevoir car il rencontre un problème médical étiqueté ou non…
Avec la PMA pour toutes il n’y a pas de problème pour concevoir par un rapport hétéro sexuel mais c’est un choix personnel de ne pas vouloir concevoir « naturellement ». Il faut respecter tout choix, c’est ainsi que je reçois en consultation aussi bien les CMU, les AME que les femmes seules ou homosexuelles… qui souhaitent concevoir.
Je leur explique longuement ce qui est faisable médicalement. Je ne prends aucune position sur le bien ou le mal d’une telle décision. Jusqu’à ce jour, les femmes vont à l’étranger, payent la prise en charge des soins, le voyage également. À ce sujet, la CPAM pourrait-elle nous confirmer ou infirmer si elle a remboursé des frais à certaines patientes au titre de l’égalité des soins dans tous les pays européens, ceci pour ce type de prise en charge…
Si le législateur confirme cette évolution de la loi, la PMA pour toutes sera donc autorisée en France. Et il y a, en France, d’excellents centres pour la prise en charge de ces patientes…
Mais faut-il la rembourser car il ne s’agit encore une fois pas de la prise en charge d’un problème médical mais d’un « choix personnel » ? Il reste des questions un peu « tabou » et par exemple la limite de la prise en charge par la CPAM est fixée à 43 ans pour la femme, sans limite pour l’homme… Mais encore… le dosage de l’AMH n’est toujours pas pris en charge par la CPAM ; en matière de contraception, certains moyens ne sont pas non plus remboursés alors qu’ils peuvent répondre à des besoins justifiés médicalement ? Ne s’agit-il pas de questions à résoudre de manière prioritaire mais beaucoup moins médiatiques pour un ministre ?
Quant à la « clause de conscience » évoquée, le médecin, s’il ne souhaite pas répondre ou prendre en charge une patiente pour une telle demande, il l’adresse à un confrère… Je reçois régulièrement des patientes pour demande d’IVG adressées par des confrères qui ne souhaitent pas les prendre en charge !
Pour conclure, soulevons un paradoxe, à une époque où la tendance est à la contraception « naturelle » sans hormone, par choix personnel, les patientes vont très probablement recevoir des doses d’hormone significatives dans le cadre de la PMA pour toutes. Et une proposition de réflexion pour les femmes touchées par le syndrome de Rokitansky : parlons de la GPA…
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