Même si, selon la dernière étude Escapad publiée en mars, on constate un recul des consommations de cannabis, d’alcool et de tabac chez les jeunes, les problèmes d’addiction demeurent pour ces substances. Une plénière du Collège de la médecine générale, organisée avec la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), traitera de ce sujet abordant – entre autres – le repérage des consommations à risque et décrivant une organisation de soins innovante par les « microstructures médicales addictions ».
« Si, pour le tabac, ce repérage est assez facile pour les généralistes, il l’est généralement moins vis-à-vis de l’alcool et encore moins vis-à-vis des drogues illicites. Cependant, dans l’ensemble, en consultation, aujourd’hui, nous abordons ces sujets avec plus d’aisance qu’autrefois », reconnaît le Pr Julie Dupouy, médecin généraliste en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) universitaire à Pins-Justaret (Occitanie) et qui participera à cette plénière. Durant celle-ci, un point sera fait sur les outils de repérage et d’évaluation existants (des questionnaires, comme le CAST en cas de consommation de cannabis, par exemple). Sera d’ailleurs présenté le kit pédagogique comprenant huit fiches avec l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur les addictions à l’alcool, le cannabis, les médicaments substitutifs aux opioïdes, la cocaïne, etc. (accessibles sur le site du Collège de la médecine générale).
Des « microstructures médicales addictions »
« Aborder ce sujet avec un jeune sous-entend qu’en cas de problème, on peut lui proposer des solutions de prise en charge adaptées », insiste le Pr Dupouy.
Pour les jeunes en difficulté, il existe déjà des structures de soins (avec psychologues spécialisés, addictologues, infirmiers), comme les consultations jeunes consommateurs. Mais la nouveauté vient de structures de soins coordonnés se mettant en place en ambulatoire, comme les « microstructures médicales addictions », qui se sont d’abord développées dans le Grand Est, et qui sont actuellement expérimentées et évaluées dans d’autres régions, comme en Occitanie.
Ce dispositif, mis en place avec l’agence régionale de santé, se fait selon un cahier des charges très précis. Cela nécessite la signature d’une convention entre un ou plusieurs généraliste(s) et un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA). Cela peut se faire, par exemple, avec des médecins travaillant dans une maison de santé pluriprofessionnelle. Par cette convention, le CSAPA met à disposition des temps de psychologues et de travailleurs sociaux qui viennent proposer des consultations gratuites aux patients au cabinet médical. Le psychologue qui intervient peut aussi être installé en libéral. Les différents intervenants échangent dans le cadre de réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP).
« La mise en place d’un tel dispositif est déclenchée par le médecin pour les patients souffrant d’un problème d’addiction et pour lesquels l’intervention d’un psychologue et/ou d’un travailleur social s’avère nécessaire », détaille le Pr Julie Dupouy.
« Alcool, tabac, autres drogues : actualités, repérage et nouvelles organisations de soins en médecine générale » jeudi 23 mars de 16 h 30 à 18 heures, salle Maillot
Coordination généralistes-addictologues, peut mieux faire !
La prise en charge des troubles addictifs nécessite souvent une collaboration multidisciplinaire incluant le médecin généraliste et des structures spécialisées. Or cette coopération s’avère parfois défaillante. C’est ce qu’il ressort d’un travail présenté au congrès. Dans cette étude qualitative conduite en Indre-et-Loire (recrutant neuf généralistes et sept addictologues), la prise en charge de ces troubles addictifs est apparue peu efficiente, comme « dissociée entre les médecins généralistes et les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) », précise l’auteur de ce travail. Ce dernier ajoute que l’échange d’informations et la coordination étaient difficiles, notamment parce que les généralistes et les addictologues méconnaissaient mutuellement leur fonctionnement, intervenant dans « des temporalités différentes et que leurs représentations concernant le partage d’informations n’étaient pas les mêmes ».
« Addicto (vigilance) » vendredi 24 mars de 16 h 30 à 18 heures, salle 242A.
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