Sanofi réservera-t-il aux États-Unis la primeur d'un éventuel vaccin contre le Covid-19 ? Évoquée par le groupe, qui renvoie l'Europe à ses responsabilités, l'idée provoque une série de réactions indignées et pousse Bruxelles à réagir comme le gouvernement français.
« Le vaccin contre le Covid-19 doit être un bien d'utilité publique et son accès doit être équitable et universel » a déclaré jeudi un porte-parole de la Commission européenne, Stefan de Keersmaecker, au lendemain de propos tenus par Sanofi. Le Premier ministre Édouard Philippe a également réagi et a affirmé que « l'égal accès de tous au vaccin n'est pas négociable ». Et d'ajouter : « Le président du conseil d'administration, le Français Serge Weinberg, "m'a donné toutes les assurances nécessaires quant à la distribution en France d'un éventuel vaccin Sanofi", a ajouté le Premier ministre dans un tweet, rappelant que Sanofi était "une grande entreprise profondément française".
Polémique et réactions indignées en Europe
Le groupe avait, en effet, prévenu mercredi qu'il réserverait probablement aux États-Unis la primeur d'un éventuel vaccin contre le nouveau coronavirus, car les autorités américaines ont investi dans son développement. Les États-Unis pourraient ainsi bénéficier d'une avance de plusieurs jours ou semaines, selon le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, qui s'exprimait dans un entretien à l'agence Bloomberg.
Face à ces réactions indignées, la secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, et son collègue de la Santé Olivier Véran, ont assuré avoir contacté Sanofi et obtenu de lui la garantie qu'un vaccin serait accessible à tous.
C'est également le message que répète le groupe depuis mercredi soir, assurant qu'il n'y a aucune inquiétude à avoir quant au fait que certains pays seraient privés d'un tel traitement. De fait, le monde « ne sera pas démuni » si un laboratoire comme Sanofi trouve un vaccin, a approuvé le Pr Bruno Lina, virologue et membre du conseil scientifique français, tout en regrettant de devoir systématiquement accéder à une « préférence nationale » aux États-Unis.
Un vaccin distribué en premier aux USA ?
Car Sanofi n'exclut toujours pas l'éventualité de distribuer d'abord un vaccin aux États-Unis et, seulement ensuite, dans les autres pays dont l'Europe. Théoriquement, « l'objectif, c'est que le vaccin soit disponible à la fois aux USA en France et en Europe de la même manière », a promis jeudi le patron du groupe pour la France, Olivier Bogillot, dans un entretien à BFMTV. Mais, dans les faits, cela sera possible « si les Européens travaillent aussi rapidement que les Américains », a-t-il précisé.
Le responsable de Sanofi a ainsi renvoyé les autorités européennes à leurs responsabilités, soulignant que les États-Unis avaient déjà promis plusieurs centaines de millions d'euros, en plus de faciliter les démarches réglementaires pour permettre les recherches.
« Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l'UE soit aussi efficace en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin », a insisté Olivier Bogillot, rapportant en être au stade de « pourparlers » avec les autorités européennes ainsi que des pays comme la France et l'Allemagne.
Olivier Véran a, à ce titre, expliqué, lors d'un déplacement à Lyon, être en train de travailler à une « alliance » avec d'autres pays européens pour faciliter le développement d'un vaccin.
Quant aux recherches elles-mêmes, où en sont-elles ? Le responsable de Sanofi a confirmé qu'il tablait toujours sur un vaccin prêt d'ici à 18 à 24 mois, soulignant à quel point un tel calendrier était rapide par rapport à la normale.
En temps normal, « développer un vaccin, ça prend dix ans », « on essaie d'accélérer toutes les phases ». L'autorité européenne du secteur, l'Agence européenne des médicaments a, elle, évoqué jeudi un possible vaccin d'ici un an, mais prévenu qu'il s'agissait du scénario le plus optimiste dans la course aux vaccins.
(Avec AFP)
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature