Assassinat d'une étudiante en médecine : la fac de Marseille en état de choc

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Publié le 02/10/2017
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Crédit photo : S. Toubon

La faculté de médecine de la Timone s’est réveillée en état de choc après l’attentat survenu en gare Saint-Charles, dimanche à Marseille. L’une des deux victimes de cette attaque, Mauranne, 20 ans, y était en effet inscrite en troisième année de médecine, et vivait sur le campus universitaire.

C’est avec sa cousine Laura, originaire de la région lyonnaise, qu’elles se sont trouvées au mauvais endroit au mauvais moment, après un week-end de retrouvailles. Les enquêteurs cherchaient ce lundi à cerner la personnalité et le parcours de l'auteur de l'attaque, un SDF toxicomane en situation irrégulière. Le groupe jihadiste État islamique a revendiqué son acte dimanche soir mais cette revendication « pose vraiment question, car aucun élément ne relie » l'assaillant à l'EI « à ce stade », a souligné une source proche de l'enquête. 

Brillante

Ce lundi matin, les étudiants de sa promo ont appris la nouvelle par les médias. « À la pause de 10H exactement, explique au ”Quotidien” Eva-Marie. Des journalistes sont venus nous poser des questions sur Mauranne parce qu’elle faisait partie des victimes mais nous n’en savions rien officiellement. Ce fut un choc terrible… »

Dans la foulée, l’Université confirmait cette information dramatique et annonçait une conférence de presse en début d’après midi, en présence du président de l’Université d’Aix-Marseille, du directeur général, du responsable de la commission médicale de l’AP-HM (Hôpitaux de Marseille) et des représentants des associations d’étudiants.

« Nous souhaitons exprimer toute notre consternation et notre émoi, a souligné le Pr Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université, des sanglots dans la voix. C’était une étudiante qui devait entrer dans sa troisième année de médecine et qui avait des résultats particulièrement brillants. Elle avait depuis deux ans une moyenne de 15/20. Elle devait d’ailleurs choisir aujourd’hui son stage de troisième année. » Et d'ajouter après un long silence : « Ce qui arrive est terrible et nous savons que toute la fac en sera affectée, au delà de l’enquête judiciaire qui ne nous concerne pas, même si nous y serons particulièrement attentifs ».  

Le Pr Berland a annoncé la suspension des cours dès lundi « car personne n’est en capacité de suivre ou délivrer un enseignement ». Tous les campus d’Aix-Marseille observeront une minute de silence, ce mardi à 12H, « pour partager ce moment d’émotion tous ensemble et soutenir aussi ses amis qui sont très choqués. » D'ores et déjà, une jeune fille a dû être prise en charge dès hier matin pour un soutien immédiat mais d’autres carabins pourraient en avoir le besoin ultérieur.

Cellule de soutien psychologique 

Le doyen de la fac de médecine, le Pr Georges Leonetti, ainsi que le Pr Yvon Berland ont organisé une réunion ce lundi, en amphi, pour informer les étudiants et les enseignants de la mise en place d’une cellule de soutien psychologique. « Des étudiants en auront probablement besoin, assure le Pr Leonetti. C’est la première fois qu’on vit un tel drame, on ne peut qu’être traumatisés par ce terrible gâchis car Mauranne avait un superbe avenir devant elle. »

Les 300 étudiants de troisième année ont pu exprimer leur vive émotion après la mort de cette jeune femme à la personnalité réservée, très sérieuse et très investie dans ses études, mais aussi dans certaines actions de solidarité avec l’association des étudiants ou le Téléthon.

Esprit de corps

Anthony Mezouar, président de l’AEM2 (assocation des étudiants en médecine), complète : « Ces études sont difficiles à suivre, nous faisons preuve d’un très gros esprit de corps, tous ensemble. Nous sommes très tristes et très touchés. Mais nous devons rapidement prendre la mesure des besoins de soutien. »

L'université va coordonner cette cellule d’accompagnement en lien avec les hôpitaux de Marseille.  « On sait que les étudiants ont d’abord besoin de faire le point entre eux, et qu’il ne faut pas être trop intrusif, analyse le Pr Dominique Rossi, président de la CME de l’AP-HM. On se tiendra à leur disposition dans les jours et semaines à venir, car les symptômes peuvent resurgir longtemps après le choc. »

Une permanence sera proposée ce mardi et jeudi matin à l’infirmerie de la faculté de médecine. Les étudiants pourront appeler le service interuniversitaire de médecine préventive au 04 91 24 34 07 pour prendre rendez-vous.

De notre correspondante à Marseille, Hélène Foxonet

Source : lequotidiendumedecin.fr