Diabète, hypertension, insuffisance rénale, pathologies musculo-squelettiques, troubles sensoriels, psychiatriques et cognitifs… Les maladies qui précipitent les personnes âgées dans la dépendance sont connues, tout comme leurs facteurs de risque. Dans un nouveau rapport, l’Académie nationale de médecine appelle à ériger en « priorité nationale » les dépistages « organisés et pris en charge par la Sécurité sociale » de ces pathologies chroniques.
« Dépistées avant l’âge de 45 ans, ces maladies peuvent bénéficier d’une prévention primaire, voire secondaire, salutaire », écrivent en préambule du rapport, les Prs Claude Dreux et André Vacheron, membres de l’Académie. « Bien vieillir, c’est un petit peu entre nos mains », a déclaré mardi lors d’un point presse le Pr Jean-Pierre Michel, rapporteur pour le Groupe de travail « Culture de Prévention en santé » de l’Académie de médecine. « Il faut essayer de faire de la prévention précoce à mi-vie, là où quelque chose se joue », insiste ce gériatre émérite de l’Université de Genève. Très concrètement, les académiciens préconisent des consultations pluridisciplinaires de prévention « tous les 5 ans », avec un accent sur la « tranche d’âge la plus sensible » des 45-55 ans.
Prévention par les preuves
Alors que les recommandations de bonnes pratiques et plans de santé publique se sont succédé dans le champ de la dépendance et du « bien vieillir », l’Académie appelle les pouvoirs publics à aller « au-delà des déclarations d’intention » pour agir vraiment en matière de prévention. « Le pourcentage de la Prévention dans les dépenses de santé est actuellement en France de 5 à 6 % contre 10 % pour la moyenne des pays européens développés », rappellent les Prs Dreux et Vacheron qui militent pour la mise en place « sans tarder » d’études nationales sur la « prévention par les preuves », sous l’égide de la future Agence nationale de santé publique. « L’originalité du rapport, c’est que toutes les propositions importantes sont contrôlées, vérifiées, et renforcées par des études, pas par des idées philosophiques », relève le Pr Vacheron.
Fléaux évitables
Ce document de 17 pages met ainsi l’accent sur la lutte contre les « fléaux évitables » à tous les âges de la vie que sont la sédentarité, la malnutrition, le tabagisme et la consommation d’alcool. Une large part du rapport est ensuite consacrée à la « prévention ciblée » s’agissant des pathologies qui présentent « les plus hauts risques d’entraîner une dépendance au cours du vieillissement » : maladies cardio-, neuro- et néphro-vasculaire ; diabète, dépression, démence, ostéoporose, arthrose et autres troubles sensoriels. Les traitements souvent cumulés de ces pathologies aggravant la dépendance d’un patient englué dans une polymédication parfois délétère, ajoutent les auteurs. Parmi ses autres recommandations, l’Académie préconise une véritable éducation à la santé « dès l’enfance », une lutte « plus active » contre les addictions, des mises en garde contre la « malbouffe », la promotion intensive de la vaccination, la supplémentation des personnes âgées en vitamine D, l’instauration d’une activité physique « sur ordonnance », et enfin le déblocage des moyens nécessaires à l’éducation thérapeutiques du patient, avec une « rémunération convenable » pour les médecins et le développement des « nouvelles technologies en santé ».
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