De Molière à Woody Allen, la comédie des « malades imaginaires »

Publié le 23/02/2014

Les hypocondriaques, ces malades imaginaires que rien ni personne ne peut rassurer ont fait depuis Molière, le bonheur des auteurs de théâtre et des cinéastes.

Emblématique s’il en est, Argan a ouvert le bal. Toujours sur le point de défaillir, le personnage de Molière qui a transformé sa maison en antichambre d’hôpital se gave ainsi de potions et de remèdes, tyrannisant ses médecins qui, à ses yeux, ne lui sont d’aucune utilité…

La santé étant « un état transitoire qui ne laisse rien présager de bon » comme l’assène le Docteur Knock, les Argan vont aussi se multiplier à l’écran. Ainsi Woody Allen va peupler ses films de personnages névrosés par l’angoisse de la maladie. Rappelez-vous dans « Hollywood Ending », le metteur en scène qui, persuadé que tous les fléaux médicaux s’acharnent sur lui, finit par somatiser en devenant aveugle. Ou Mickey, le producteur d’émissions de radio d’« Hanna et ses sœurs » qui songe au pire dès que surgit le moindre bobo… Avec, en point d’orgue, cette hilarante scène finale où Mickey qui se croyait une fois de plus à l’agonie, se découvre miraculeusement bien portant en sortant du Mount Sinai Hospital et décide de se convertir au catholicisme au grand désespoir de ses parents…

Dans la vraie vie

Mais dans la vie réelle, Woody Allen n’est-il pas encore plus atteint que ses personnages même s’il s’en défend ? « Je ne suis pas un hypocondriaque mais un alarmiste. Il y a une vraie différence entre un hypocondriaque et moi. Moi, je n’ai pas des maladies imaginaires, mais des maladies réelles. » Ce qui ne l’empêche pas de penser quand il a une urticaire qu’il a attrapé le mildiou ! Et, pour mieux être immunisé, il se fait faire chaque année tous les vaccins possibles, même contre la maladie de Whipple. Et s’il avoue un amour immodéré pour les vitamines « même si elles ne servent à rien », il reste très sceptique quant aux antibiotiques parce qu’ils sont capables de tuer les bonnes bactéries au lieu des mauvaises.

Il regrette aussi amèrement que ses parents ne lui aient pas légué leur bonne santé : « Mon père et ma mère sont morts très vieux mais ils n’ont pas voulu me passer leurs bons gènes sous prétexte que les héritages gâtent les enfants et les empêchent de se débrouiller par eux-mêmes… »

Michel Blanc

Michel Blanc excelle aussi en hypocondriaque parano dans « Une petite zone de turbulence » d’Alfred Lot, film sorti en 2010. Il faut le voir paniquer, dans une scène drôlissime devant une plaque d’eczéma qu’il croit être un melanome… Si l’ex-« Bronzé » se montre si convaincant, c’est sans doute parce qu’il souffre lui-même ré

Jean-Pierre Bacri

Enfin, comment ne pas oublier Jean-Pierre Bacri, grandiose comme à son habitude en chauffeur hypocondriaque dans « On connaît la chanson » d’Alain Resnais qui serine chez ses médecins la célèbre rengaine du comique-troupier Ouvrard dans les années 1900 : « J’ai la rate qui se dilate »… La nôtre aussi, car il est irrésistible !


Source : lequotidiendumedecin.fr