Insuffisance cardiaque

Dépression et le déclin cognitif sont des facteurs aggravants

Publié le 26/05/2015
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La dépression et le déclin cognitif pourraient avoir un impact encore plus important qu’on ne le croyait, selon deux communications faites ce week-end lors du congrès Heart Failure 2015 de la société européenne de cardiologie.

Selon les résultats préliminaires de l’étude OPERA-HF, présentés samedi par le Pr John Cleland de l’Imperial College de Londres, la dépression multiplierait par cinq le risque de décès à un an après une première hospitalisation pour insuffisance cardiaque aiguë. Selon le Pr Cleland, « après une première hospitalisation, environ 25 % des patients seront réhospitalisés moins d’un mois plus tard. Au bout d’un an, la quasi-totalité aura été admise à nouveau, et près de la moitié seront décédés. » Les chercheurs anglais ont monté l’étude OPERA-HF pour explorer le rôle de la dépression, déjà connue pour être un facteur de mauvais pronostic. « Il n’était en effet pas impossible que l’augmentation des morbidités et de la mortalité des patients déprimés soit due au fait que leurs insuffisances cardiaques soient plus graves », précise le Pr Cleland.

Un risque significatif, même après ajustement

OPERA-HF est toujours en cours de recrutement, et les résultats présentés à Séville concernent un effectif restreint de 154 patients, suivis pendant 302 jours en moyenne, dont 27 souffraient de dépression légère, et 24 de dépression sévère. Au cours du suivi, 27 patients sont morts. Les patients souffrant de dépression modérée à sévère avaient cinq fois plus de risque de mourir un an après leur première hospitalisation. En ajustant les résultats pour l’âge, le sexe, l’hypertension et la sévérité de l’insuffisance cardiaque (mesurée par le taux de NT-proBNP), la dépression restait un prédicteur significatif de décès.

« La dépression est associée à une perte de motivation, une mauvaise qualité de vie, des troubles du sommeil et une prise de poids, ce qui pourrait expliquer la surmortalité », suggère le Pr Cleland. Les auteurs se gardent cependant de recommander l’utilisation d’antidépresseurs, jugés « peu efficaces » chez les insuffisants cardiaques.

Éduquer les familles

Pour sa part, Hiroshi Saito a présenté des résultats sur l’impact du déclin cognitif, qui multiplierait par 7,5 le risque de décès toutes cause et de réhospitalisation pour insuffisance cardiaque. Dans le cadre d’une étude rétrospective, les données de 136 patients de plus de 65 ans ont été analysées. Ces patients avaient été admis à l’hôpital suite à un épisode d’insuffisance cardiaque aiguë, et avaient subi une évaluation de leur état cognitif : le mini-examen de l’état mental (MMSE). Ils ont été répartis en deux groupes : un premier groupe de 101 personnes présentant des troubles cognitifs (score MMSE inférieur à 27) et un groupe de 35 patients qui n’en présentent pas. Au bout de 161 jours de suivi, 33 patients étaient décédés ou réhospitalisés. Les patients souffrant de déclin cognitif avaient 7,5 fois plus de risque de décès ou de réhospitalisation. Ce surrisque restait significatif après ajustement pour l’indice de masse corporel, les taux de BNP, de protéine C-réactives ou la fraction d’éjection. « Les médecins doivent s’inquiéter de l’état cognitif des patients insuffisants cardiaques âgés, estime Hiroshi Saito, si un malade souffre de déclin cognitif, il est possible d’éduquer les proches pour améliorer l’alimentation, l’exercice et surtout l’observance du patient », conclut-il.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9414