Hypnose

Des chuchoteurs bienveillants

Publié le 22/11/2018
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Crédit photo : PHANIE

La pratique croissante de l’hypnose s’inscrit dans le défi majeur de l’anesthésie d’aujourd’hui : diminuer les besoins en drogues d’anesthésie générale et promouvoir l’anesthésie locorégionale, pour une récupération postopératoire précoce. L’hypnose correspond à un processus psychique dynamique associant focalisation de l’attention, détachement du monde environnant et réceptivité aux suggestions. Les suggestions sont des propositions verbales formulées par le soignant pour permettre au patient d’élargir son champ de conscience et le conduire à une perception (d’une sensation) et/ou une représentation (d’une situation) différentes.

En anesthésie, l’hypnose s’inscrit dans le traitement de l’anxiété et de la douleur selon deux modalités : l’hypnose conversationnelle et l’hypnose formelle. L’hypnose conversationnelle manie des outils de communication : écoute et observation, information avec reformulation, mots rassurants et positifs, et phonation grave et lente. L’hypnose formelle, combinant communication positive et suggestions, induit un état de transe où le patient, détaché du monde environnant, est absorbé dans une imagerie mentale guidée par le soignant.

Effets nocebo et placebo

L’hypnose conversationnelle permet d’éviter les effets nocebo et favorise les effets placebo. Il est démontré que les attentes et représentations des patients influent sur les résultats thérapeutiques et dépendent en partie des informations données par les soignants. Chez des sujets sains soumis à une stimulation douloureuse, l’information préalable modifie l’analgésie morphinique, qui sera potentialisée par des informations positives et abolie par des informations négatives. L’équipe de radiologie interventionnelle de Boston dirigée par Elvira Lang a ainsi développé une approche structurée d’« attention empathique » qui diminue l’anxiété du patient pendant les procédures invasives. Mais il a été montré que l’hypnose est plus efficace que cette dernière pour réduire l’anxiété et la douleur et raccourcir la durée de la procédure.

En 2013, une méta-analyse (1) rapporte l’efficacité des techniques hypnotiques lors de procédures invasives chirurgicales et médicales, à partir de 34 études portant sur 2 597 patients, avec des bénéfices sur l’anxiété, la douleur, la consommation médicamenteuse, la durée de la procédure. En 2014, une autre méta-analyse (2) conclut, à partir de 26 études randomisées contrôlées portant sur 1 890 patients, à l’efficacité des techniques hypnotiques (suggestions verbales préenregistrées et hypnose formelle personnalisée) sur l’anxiété, la douleur et les nausées. L’hypnose formelle peut être proposée à un patient éveillé, associée à l’anesthésie locale ou locorégionale ou à une sédation, en chirurgie gynécologique ou ORL et en neurochirurgie intracérébrale éveillée. L’hypnose formelle n’est pas indiquée en cas de chirurgie majeure ne pouvant bénéficier d’une anesthésie régionale.

 

Les attentes et représentations des patients influent sur les résultats thérapeutiques

Département d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Bicêtre (APHP) 
(1) Tefikow S et al. Clin Psychol Rev. 2013 Jul;33(5):623-36
(2) Kekecks Z et al. Anesth Analg. 2014 Dec;119(6):1407-19
(3) Faymonville ME et al. Acta Chir Belg. 1999 Aug;99
(4):141-146
Bingel U et al. Sci Transl Med. 2011 Feb 16;3(70):70-74
Lang EV et al. Lancet. 2000 Apr 29;355(9214):1486-90

Dr Catherine Bernard
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Source : Bilan Spécialiste