Activité physique et insuffisance cardiaque

Des effets bénéfiques importants prouvés

Publié le 11/05/2015
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L’activité passe par des exercices d’endurance, de résistance et éventuellement d’amélioration de...

L’activité passe par des exercices d’endurance, de résistance et éventuellement d’amélioration de...
Crédit photo : PHANIE

Il y a 25 ans, l’activité physique était contre-indiquée en cas d’insuffisance cardiaque. Celle-ci était en effet alors avant tout considérée comme une maladie du muscle cardiaque et il était alors admis que l’exercice physique exerçait une contrainte délétère. Mais dans les années 1990, à la suite des travaux pionniers de l’Université Duke et une première étude randomisée publiée dans le « Lancet », plusieurs publications ont rapporté un bénéfice clinique et ergométrique après réadaptation chez des patients dont les fractions d’éjection ventriculaire gauche étaient parfois très altérées (1).

L’endurance des patients en insuffisance cardiaque est en effet perturbée avec une sollicitation plus précoce du mécanisme anaérobie et un profil chronotrope et tensionnel perturbé, et leur récupération est beaucoup plus longue. Cela s’explique notamment par l’existence d’un déconditionnement musculaire périphérique, voire une cachexie dans les formes les plus graves (2).

La rééducation basée sur l’exercice physique s’insère dans le cadre plus général de la réadaptation cardiaque, qui comporte deux autres axes, l’éducation thérapeutique et la réinsertion socioprofessionnelle.

L’entraînement physique est recommandé chez l’insuffisant cardiaque et doit être « spécifique, adapté à la gravité clinique, à l’âge et aux comorbidités », comme le précise la Haute Autorité de Santé (HAS) dans son « Guide du parcours de soins Insuffisance cardiaque » paru en 2014. Sous réserve de l’application d’un protocole adapté et du dépistage régulier des signes de décompensation, le risque de complication est très faible. La HAS précise également que « les bénéfices principaux attendus sont une amélioration de la tolérance à l’effort, une amélioration de la qualité de vie et une réduction des réhospitalisations et de la mortalité ». L’activité physique comporte des exercices d’endurance, de résistance et éventuellement d’amélioration de la capacité respiratoire. Chez les sujets âgés avec risque de chute, des exercices d’équilibre sont souhaitables. Des exercices de relaxation sont enfin préconisés. Une stratification du risque permet une adaptation des exercices avec une plus grande progressivité et une surveillance régulière (3, 4).

Des objectifs réalistes au long cours

Les types d’exercices possibles sont très variés, adaptables aux goûts, à l’âge et aux aptitudes d’un grand nombre de sujets. Par ailleurs, il importe de fixer des objectifs réalistes qui seront poursuivis au long cours. Même des niveaux de réentraînement qui paraîtraient faibles chez un sujet sain peuvent avoir des grands effets sur la vascularisation et la capacité musculaire périphérique. Les sujets âgés, plus amaigris, plus déconditionnés, tirent au moins autant de bénéfice que les sujets plus jeunes d’un programme de réadaptation

L’étude HF-ACTION a permis de préciser que la pratique d’exercices physiques est efficace et sûre en termes de décès et de nombre d’hospitalisations chez des patients en insuffisance cardiaque (5). Cette étude randomisée, contrôlée, multicentrique, internationale, a porté sur 2 331 patients d’un âge moyen de 59 ans, ayant une insuffisance cardiaque de classe NYHA II à IV et dont la fraction d’éjection était inférieure à 35 %. Les auteurs ont conclu que la pratique d’exercices physiques réduit de manière modeste mais significative le risque de décès et d’hospitalisation ainsi que la mortalité cardiovasculaire et les hospitalisations pour insuffisance cardiaque.

Une très récente revue Cochrane, qui a porté sur 33 essais contrôlés randomisés portant sur 4 740 participants, a confirmé les effets bénéfiques importants de la réadaptation par l’exercice (6). Ces bénéfices incluent une réduction du risque d’hospitalisations pour cause d’insuffisance cardiaque et les améliorations de qualité de vie liée à la santé, par rapport à l’absence d’exercice.

* UMR-S 942, Université Paris Diderot, DHU FIRE, Département de Cardiologie, Hôpital Lariboisière, Paris

(1) Coats AJ, et al.Effects of physical training in chronic heart failure. Lancet 1990;335:63-6.

(2) Coats AJS. Clinical utility of exercise training in chronic systolic heart failure. Nat Rev Cardiol 2011;8(7):380–92.

(3) Pavy B, et al. French Society of Cardiology guidelines for cardiac rehabilitation in adults. Arch Cardiovasc Dis 2012; 105: 309–328.

(4) McMurray JJV, et al. ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure 2012: The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Developed in collaboration with the Heart Failure Association (HFA) of the ESC. Eur Heart J 2012; 33: 1787–1847.

(5) O’Connor CM, et al; HF-ACTION Investigators. Efficacy and safety of exercise training in patients with chronic heart failure: HF-ACTION randomized controlled trial. JAMA 2009;301:1439-50.

(6) Taylor RS, et al. Exercise-based rehabilitation for heart failure. Cochrane Database Syst Rev 2014; 4: CD003331.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9411