En IRM-fonctionnelle cérébrale

Des images spécifiques dans la dépression

Publié le 14/06/2010
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POUR MIEUX comprendre les connexions nerveuses dans la dépression majeure, Yvette Sheline et coll. (St Louis, États-Unis) ont réalisé des examens par IRM fonctionnelle chez 18 personnes (11 hommes et 7 femmes) présentant une dépression majeure (35 ans d’âge moyen) et 17 témoins non déprimés. Trois réseaux cérébraux ont été étudiés : le réseau du contrôle cognitif, le réseau cérébral par défaut (default mode network, s’active lorsque le cerveau n’est pas engagé dans une tâche cognitive) et le réseau affectif. Comparativement avec les non déprimés, « nous constatons chez les déprimés, une augmentation très importante de la connectivité de chacun de ces trois réseaux avec des aires bilatérales du cortex préfrontal dorsomédial, ce que nous nommons le nexus dorsal. » Il y a un parallèle entre cette augmentation de connectivité et la sévérité de la dépression.

Ainsi, le nexus dorsal exprime une très grande connectivité, avec de vastes régions, dont notamment le cortex préfrontal dorsomédial, le cortex préfrontal ventromédial, différentes régions du cortex cingulaire antérieur (prégénual, postgénual). Ce qui confirme des études antérieures, chacune de ces régions ayant été indépendamment impliquée dans la dépression.

De manière simultanée et synergique.

La découverte suggère un mécanisme qui rendrait compte de la diversité des symptômes observés dans la dépression majeure : réduction de la capacité à se concentrer sur une tâche cognitive, rumination, auto-centrage, augmentation de la vigilance et dysrégulations émotionnelles, viscérales et du système nerveux autonome, qui peuvent survenir .

Ces résultats ajoutent des informations aux descriptions de la littérature. Par exemple, connaissant la cinétique du développement du réseau cérébral par défaut, on peut supposer l’intervention très précoce d’éléments stressants qui affecteraient la neuroplasticité du réseau et prédisposerait l’individu à la dépression.

Dans d’autres études, le site du nexus dorsal a été impliqué dans des mécanismes de l’attention et même la compétence à la méditation.

En outre, le réseau affectif ainsi que le cortex cingulaire prégénual et postgénual ont des connexions avec l’amygdale, l’hypothalamus et les noyaux du tronc cérébral impliqués dans la régulation viscérale, qui gère des fonctions telles que l’appétit, la libido, le sommeil et la vigilance, qui toutes sont altérées dans la dépression. Via l’accroissement de connexions, ces symptômes peuvent acquérir eux aussi une connectivité avec le réseau cérébral par défaut et des régions de contrôle cognitif. Ce qui peut expliquer que de ce fait, l’hypervigilance et l’auto-centrage du sujet (ruminations) peuvent devenir les tâches principales que le réseau cognitif réalise.

Proc Natl Acad Sci, édition avancée en ligne.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8789