En dehors de quelques tueurs en série, plus ou moins pervers, ou de situation de violences collectives génocidaires ou terroristes, les relations violentes (et intimes) qui lient auteurs et victimes trouvent aujourd’hui un écho particulier (1).
La dimension psychotraumatique précède souvent l’agresseur, et accompagne toujours la victime, dans le prolongement de l’agression et l’angoisse de sa répétition. Les tentatives de canalisation de la dissociation traumatique sont multiples : conduites à risque, intoxications (qui lèvent l’inhibition et augmentent le risque de violences subies ou agies), anesthésie affective, syndrome d’accommodation conduisant à la répétition de cycles de violences (en particulier lorsqu’elles s’inscrivent dans un lien affectif conjugal ou familial).
Des phénomènes initialement identifiés au sein de petits groupes comme un mouvement d’empathie puis de sympathie (syndrome de Stockholm pour le mouvement des victimes vers les auteurs, syndrome de Lima dans le sens inverse), sont finalement beaucoup plus complexes, liés aux caractéristiques individuelles de chaque protagoniste, et aux liens qui les unissent. En effet, lors du passage à l’acte, les mécanismes d’identifications mimétiques trouvent une résonance singulière, tout particulièrement dans l’écho traumatique que suscite la violence, et ce, quelles que soient son intensité et ses conséquences objectives.
Ces mécanismes de dissociation et d’identification, qui s’entretiennent et se complètent, favorisent la répétition et l’enfermement dans un statut (de victime ou d’agresseur) mais aussi le déplacement des violences sur soi (risque relatif de suicide, d’automutilations ou d’intoxications augmenté) ou même, selon la personnalité et ses capacités de résilience, le passage du statut de victime à celui d’agresseur.
Afin d’appréhender ce phénomène complexe, des modèles dynamiques proposent des approches intégratives et écologiques (2,3), et des équipes spécialisées interviennent sur l’ensemble du territoire (unités médico-judiciaires, secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire, centres ressource pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles) pour proposer, aux protagonistes de cette relation mortifère, une alternative à l’émergence de la violence, agie ou subie.
Filière hospitalo-universitaire de psychiatrie légale, CHU Montpellier
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