Des restes de victimes juives du camp de Natzweiler-Struthof conservés dans un bocal et des éprouvettes ont été découverts récemment à l'institut de médecine légale de Strasbourg, a annoncé samedi la municipalité. La découverte, inattendue, a été faite le 9 juillet par l'historien Raphaël Toledano, auteur de plusieurs travaux sur la question. Avec le concours du directeur actuel de l'Institut de médecine légale de Strasbourg, le Pr Jean-Sébastien Raul, le chercheur est parvenu à identifier plusieurs pièces, parmi lesquelles "un bocal contenant des fragments de peau d'une victime de chambre à gaz", a-t-on précisé. Le chercheur a également découvert "deux éprouvettes renfermant le contenu de l'intestin et de l'estomac d'une victime et un galet matricule utilisé lors de l'incinération des corps" au camp de concentration alsacien.
Ces restes appartiennent à plusieurs des 86 victimes d'un projet de "collection de squelettes juifs" voulu par l'anatomiste nazi August Hirt. La majeure partie des restes, en grande partie découpés, avait été retrouvée par les alliés peu après la libération de Strasbourg en 1944, et fut rapidement inhumée dans un cimetière juif. Les pièces retrouvées à présent sont des éléments qui avaient été conservés par un professeur de médecine légale de la Faculté de médecine de Strasbourg, Camille Simonin, dans le cadre de l'enquête sur les crimes du docteur Hirt. Dans ses recherches, le chercheur Raphaël Toledano a été aiguillé par une lettre de ce professeur datant de 1952. Le courrier de ce professeur faisait notamment "mention de bocaux contenant des prélèvements effectués au cours des autopsies judiciaires réalisées sur les victimes juives de la chambre à gaz du Struthof".
La polémique autour de l'existence longtemps mise en doute de restes de victimes du nazisme à l'institut de médecine légale de Strasbourg avait été relancée en janvier après la publication d'un livre du médecin et chroniqueur de télévision Michel Cymès, consacré aux médecins des camps de concentration. Dans ce livre publié en janvier, Michel Cymès avait cité des témoignages selon lesquels des coupes anatomiques des 86 réalisées à l'époque nazie était toujours conservées à l'institut. En réaction à cette publication, des chercheurs, l'Université de Strasbourg et l'institut de médecine légale avaient alors catégoriquement réfuté l'existence de ces restes non inhumés des victimes.
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