Au-delà des complications du syndrome

Des risques obstétricaux propres aux ovaires polykystiques

Publié le 17/10/2011
Article réservé aux abonnés
1318839468290206_IMG_69505_HR.jpg

1318839468290206_IMG_69505_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

C’EST GRÂCE à la puissance statistique de leur étude que des auteurs suédois ont pu conclure que le syndrome des ovaires polykystique constitue à lui seul un facteur de risque obstétrical. Alors qu’il semblait assez évident que la responsabilité en incombait à la fréquente infertilité de ces femmes qui ont de plus souvent recours à des méthodes d’assistance à la procréation. Cette pathologie entraîne d’autres pathologies reconnues comme péjoratives tels que diabète gestationnel, HTA gravidique accouchement prématuré, le tout dans un contexte fréquent d’obésité.

Une très vaste cohorte.

Tout le mérite de Nathalie Ross et coll. (Stockholm) est d’avoir tenu compte de ces diverses variables dans leur évaluation et d’avoir eu recours à une très vaste cohorte. En effet, les auteurs ont utilisé les registres nationaux des naissances uniques soit 1 191 336 femmes indemnes et 3 787 femmes atteintes, de 1995 à 2007. Les grossesses multiples (souvent liées à la PMA) ont été récusées en raison de leurs risques propres.

L’équipe a centré son intérêt sur : diabète gestationnel, pré-éclampsie, naissance prématurée, mort-nés, décès néonataux, Apgar< 7 à 5 minutes, inhalation de méconium, taille pour l’âge gestationnel et macrosomie, ainsi que sur le recours à une PMA.

Tout d’abord deux confirmations. Les femmes porteuses d’ovaires polykystiques sont effectivement plus souvent obèses (60,6 % contre 34,8) et ont davantage recours aux techniques de PMA (13,7 % contre 1,5). Ensuite, l’équipe relève une augmentation de tous les risques évalués. L’odd ratio de pré-éclampsie est de 1,45 ; celui de prématurité de 2,21 ; le diabète gestationnel est deux fois plus fréquent, 2,32 ; les bébés sont plus gros, 1,39 ; ils inhalent plus souvent leur méconium, 2,02 et ont plus souvent un Apgar inférieur à 7 à 5 minutes, 1,41.

On ne retrouve, en revanche, pas d’association avec la naissance d’enfants mort-nés, mais un surrisque de césarienne, jusqu’à présent non retrouvé dans les autres études. Enfin, pour les femmes concernées par l’affection dans les cas de grossesse spontanée, il existe un retard temporel par rapport aux autres participantes. Il est attribué à une régularisation des cycles plus tardive.

Des complications rares.

Les analyses stratifiées et ajustées permettent aux auteurs d’écrire que les pathologies obstétricales rencontrées « ne pouvaient pas être attribuées à l’usage plus important de techniques de reproduction assistée ou à des caractéristiques maternelles telles qu’un âge avancé, un surpoids ou une obésité. »

La grande force de ce travail est, on s’en doute, la taille de la population. Elle a permis de faire apparaître des complications rares de la grossesse, telles que la naissance d’un enfant mort-né, l’inhalation de méconium, un Apgar faible ou une mort néonatale.

En outre, l’étude s’est fondée sur des critères stricts de classification de l’affection qui peuvent avoir créé une sous-estimation du nombre de femmes concernées. Ils peuvent aussi donner à penser que les conséquences obstétricales relevées ne sont pas généralisables à toutes les femmes atteintes.

Reste à comprendre le mécanisme physiopathologique impliqué. Il n’est pas clair. Il est possible d’évoquer le surpoids, mais même pris en compte, le risque de macrosomie persiste. Les auteurs rappellent aussi l’existence, chez ces femmes, d’une hyperandrogénie favorisant la pré-éclampsie.

« Les recherches à venir pourraient tirer profit d’un recentrage sur le contrôle glycémique, le traitement médical et le statut hormonal des femmes porteuses d’ovaires polykystiques enceintes » conclut l’équipe.

British Medical Journal, doi : 10.1136/bmj.d6309.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9026