Théâtre
Bouleversant d'entendre Balzac. Bouleversant cette lucidité qui peut aller jusqu'à la férocité mais dont une tendresse certaine n'est jamais absente. Bouleversants ces deux personnages de plus dans l'océan de ses inventions.
Elles, et leurs destins, leurs familles, leurs rencontres, leurs pensées, leurs caractères. Renée et Louise. Amies de pension. Echappant au couvent. Lancées dans le monde c'est-à-dire sommées de se marier... Balzac publie cette étude après « Physiologie du mariage » et « Petites Misères de la vie conjugale ». Il connaît son sujet. En 1842, Louise et Renée lui permettent d'opposer ce qu'il désigne lui-même comme un « éclatant démenti » aux « théories nouvelles sur l'indépendance de la femme ». Son amie George Sand ne lui en veut pas. Elle admire Renée, elle aime Louise.
Aujourd'hui, tout cela pourrait sembler loin. Bien sûr, nous ne sommes plus dans cette société-là. Mais la perspicacité de Balzac est telle que, par-delà le chemin de ces deux jeunes filles, jeunes femmes, littéralement corsetées par le monde dans lequel elles vivent, on touche à quelque chose qui dépasse les circonstances historiques. Et c'est bien ce que les deux jeunes interprètes ont parfaitement compris.
Dans un décor minimal et harmonieux que flattent les lumières de Ricardo Casas, Jacques Décombe, qui met en scène, imprime un mouvement vif et fluide à la représentation très soignée qu'il propose. Dans leurs beaux atours (Gisèle Ravard), les deux comédiennes se répondent à la perfection. C'est que l'adaptation est habile, intelligente, sensible. Il s'agit d'un échange épistolaire. Isabelle Coulombe conserve la matière, les lettres, mais les protagonistes sont en présence, se parlent. C'est finement cousu et accompagné d'une composition de Vincent Prezioso, qui a de belles harmonies.
Quant aux deux actrices, elles sont parfaites. Isabelle Coulombe a la sévérité vulnérable qui convient à Renée, celle qui ne choisit pas mais élabore, construit et trouve ce qu'il faut bien reconnaître comme un certain bonheur. Julie Depardieu a la grâce et le charme d'une Louise intrépide, courageuse, sensible, lucide. Une belle présence, quelque chose de piquant et de tendre en même temps, une bouleversante vulnérabilité qui est celle de Louise, une précision du trait qui est celle d'une comédienne qui, pour ses débuts au théâtre, force l'admiration.
Théâtre Pépinière-Opéra, du mardi au vendredi à 19 h, samedi à 16 h (01.42.61.44.16). Durée : 1 h 20 sans entracte. A noter, toujours à l'affiche à 21 h du mardi au samedi et à 18 h le samedi « Jeux de scène » de Victor Haïm avec Danièle Lebrun et Francine Bergé dans une mise en scène de Marcel Bluwal.
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