Deux gènes associés à l'autisme sont identifiés sur le chromosome X

Publié le 01/04/2003
Article réservé aux abonnés

L'identification de ces deux gènes est le fruit du travail mené par le groupe de Thomas Bourgeron à l'Institut Pasteur (équipe INSERM U21, génomique fonctionnelle et développement, université Paris-VII), en collaboration avec Marion Leboyer (INSERM U513, neurobiologie et psychiatrie, université Paris-XII, CHU de Créteil) et Christopher Gillberg (CHU de Göteborg, Suède), en collaboration avec l'hôpital Robert-Debré (AP-HP).

Cela fait plusieurs années que des travaux sont conduits par plusieurs équipes sur la génétique de l'autisme. De nombreuses régions du génome ont déjà été suspectées : des gènes ont déjà été incriminés, mais aucun n'a pu être associé de façon certaine à l'autisme.

Deux familles atteintes

Les choses viennent de faire un bond en avant, avec l'identification, dans deux familles distinctes, de mutations altérant deux gènes situés sur le chromosome X, et qui semblent impliqués dans la formation de synapses : les gènes NLGN3 et NLGN4. Pour ce qui est du gène NLGN4, une mutation génétique a été mise en évidence dans une famille où deux garçons sont touchés : l'un d'autisme, l'autre d'un syndrome autistique appelé syndrome d'Asperger (dans ce syndrome, les patients ont de meilleures performances cognitives et une meilleure aptitude au langage que les patients atteints d'autres formes d'autisme. La mutation découverte empêche la formation d'une protéine complète.
Pour ce qui est du gène NLGN3, la mutation a été identifiée dans une famille qui comprend, là encore, deux frères, l'un atteint d'autisme et l'autre de syndrome d'Asperger. Cette mutation a été héritée de la mère.
Comment ces mutations pourraient-elles exercer leur effet délétère ? « L'altération de NLGN3 ou de NLGN4 pourrait affecter certaines synapses essentielles au processus de communication déficients chez les personnes présentant des troubles autistiques. Ces gènes codent en effet pour des protéines d'adhésion cellulaire localisées au niveau des synapses, ce qui suggère qu'un défaut dans la formation des synapses prédisposerait à l'autisme », est-il expliqué dans le communiqué.

L'étude collaborative PARIS

Il est important de remarquer que ces deux gènes NLGN3 et NLGN4 sont situés dans des régions du chromosome X qui avaient été associées à l'autisme dans d'autres études, dont l'étude collaborative PARIS (Paris Autism Research International Sib-Pair Study), coordonnée par Marion Leboyer et Christopher Gillberg.
Jusqu'à présent, on disposait de plusieurs arguments en faveur d'une prédisposition génétique à l'autisme. Par exemple, le risque de récurrence dans les familles d'autistes est 45 fois plus élevé que dans la population générale. Autre exemple : les études épidémiologiques chez des jumeaux monozygotes montrent que, lorsqu'un enfant est atteint d'autisme, l'autre a une probabilité de 60 % d'être également autiste, alors que ce risque est quasi nul en cas de jumeaux dizigotes.
Cela dit, l'identification de mutations dans les gènes NLGN3 et NLGN4 ne signifie pas que l'on a trouvé LA cause de l'autisme : il est très probable que plusieurs gènes sont impliqués et que, en outre, les gènes responsables varient d'une famille à l'autre.
Dès lors, que peut-on déduire de cette étude ? Qu'elle « ouvre néanmoins de nouvelles pistes de recherche pour mieux comprendre ce syndrome complexe et hétérogène qu'est l'autisme », conclut le communiqué de presse.

Cette étude a été menée avec le soutien de la délégation à la recherche clinique de l'AP-HP, le ministère de la Recherche (ACI jeunes chercheurs), la Fondation France Télécom pour la recherche sur l'autisme, la Fondation de France.
Stéphane Jamain et coll., « Nature Genetics », mai 2003. Edition en ligne avancée.

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7307