Il est des régions où l’accès aux soins est tellement incertain que la population ne se souvient pas de sa dernière rencontre avec un médecin. C’est le cas de plus de 70 % des Cambodgiens rencontrés, en novembre dernier, par une équipe de l’association Mission Enfants 2 000. Celle-ci, pour tenter d’y remédier, a distribué des carnets de santé aux quelque 700 personnes examinées en une quinzaine de jours. « On s’est rendu compte que les gens gardaient les carnets de grossesse , raconte le Dr Christophe Genies, coordinateur de la mission. Peut-être que ça ne servira que pour 3 % des patients que nous avons rencontrés mais nous souhaitons qu’ils aient un suivi. »
Parti pour la première fois en 2006, ce généraliste est retourné en 2008 au pays du Mékong. Une expérience qui lui laisse une étrange impression. « J’étais un peu surpris de voir qu’on distribuait une demi-tonne de médicaments et qu’on s’en allait », se souvient-il. Dès lors, il souhaite mener des actions plus pérennes avec Mission Enfants 2 000. Après « Objectif Cambodge » en 2012, il s’occupe du « Retour », en 2 014. Dépistage de l’anémie chez les femmes enceintes, diagnostics de tétanos, dengue ou paludisme, médecine tout-venant, les trois généralistes qui l’accompagnent et lui réalisent une centaine de consultations quotidiennement. Assistés de cinq étudiants locaux, ils en profitent pour donner à ces futurs praticiens des notions pratiques de prises en charge.
« Même si nos 800 consultations sont une goutte d’eau, les choses s’améliorent », assure Christophe Genies, qui a déjà la tête à sa prochaine mission. Prévue pour l’automne 2016, elle devrait être menée par la même équipe, soucieuse de voir les effets de son action passée. Et dotée d’une farouche envie de les faire perdurer dans le temps.
Les autres projets nominés
Soigner les étrangers, l’engagement du Dr Franco Graceffa. De ses études, à Lille, à son installation à Wailly, dans le Pas-de-Calais, le Dr Franco Graceffa n’a cessé de participer à des actions de solidarité. Un engagement au service des autres issu de son éducation et mis au goût du jour de ses compétences professionnelles. étudiant, il monte un groupe d’entraide à ses confrères étrangers. Son diplôme de généraliste obtenu, il rejoint un dispensaire du XIIIe arrondissement de Paris où il soigne, sans grands moyens, indigents et sans-papiers . Une population qu’il retrouve au centre de la Croix-Rouge à Sangatte puis à la permanence des soins de l’hôpital de Calais. à chacune de ses expériences, son leit-motiv est le même, « rendre service aux plus démunis tout en exerçant mon métier ».
Le Dr François Charles et la pyramide des soins en Guinée. Former, à l’occasion de l’épidémie d’Ebola, le personnel de santé de l’hôpital guinéen de Kankan aux risques infectieux, tel était l’objectif du Dr François Charles, de gratentour (Haute-Garonne), lors de sa dernière mission. Partis pendant une semaine en février dernier avec l’association « Les Enfants de l’Aïr » (EDA), son équipe et lui initient de façon pratique les 62 chefs de postes de santé du district à la sécurité des soins. Premier maillon de la chaîne de référence, ces professionnels locaux dépendent de centres de santé auxquels ils ont pu restituer les bonnes pratiques d’hygiène hospitalière. En janvier, une autre mission d’EDA avait déjà mis en place un programme de lutte contre la mortalité maternelle et néonatale. Et chaque projet donne l’occasion aux médecins français d’accompagner et former leurs confrères locaux.
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