Et si la garde redevenait obligatoire ? Agnès Buzyn a rouvert un dossier sensible la semaine dernière, cherchant à éviter l’engorgement des urgences hospitalières. L’objectif : « mieux organiser » l’amont et l’aval des services pour ne pas reproduire le scénario catastrophe de l’hiver dernier lors de l’épidémie de grippe. Parmi les raisons de ce fiasco, la ministre de la Santé a cité « l’insuffisante ouverture des cabinets de médecins libéraux ». Une mission est engagée pour améliorer la gestion des soins non programmés en ville. Conclusions attendues au printemps.
Depuis 2003 et la fin de la permanence des soins obligatoire, le nombre de médecins libéraux volontaires au tour de garde se réduit chaque année – 63 % en 2016 (voir page 15). Les généralistes n’interviennent plus que rarement en nuit profonde. Ce manque de volontaires est problématique dans certains territoires, affirme Agnès Buzyn, qui a indiqué aux syndicats « que nous ne pouvions pas rester dans la situation actuelle ». Quelques jours avant, c’est la Cour des comptes qui, dans un rapport ultra-polémique, avait ouvert le feu en réclamant une extension des horaires des cabinets médicaux et la « nécessité de renforcer la permanence des soins ambulatoires ». Il est permis de s’interroger : est-ce la défection des généralistes libéraux ou le nombre grandissant des passages aux urgences qui pose problème ?
Contraindre les médecins de ville à reprendre leur tour de garde ressemble à une solution de facilité. Apprendre à la population le bon usage des urgences et mettre en place une régulation plus adaptée apparaît plus compliqué, mais ô combien plus urgent et souhaitable. Sur les 20 millions de passages annuels aux urgences, combien pourraient être pris en charge en ville aux horaires d’ouverture des cabinets ? Le gouvernement, qui se targue de rechercher la pertinence à tout crin, pourrait ainsi réaliser encore davantage d'économies sans se mettre à dos les médecins. Une chose est sûre, la profession, vieillissante et exténuée – 63 % des médecins ressentent un épuisement physique et moral, selon un récent sondage –, n’acceptera jamais un retour en arrière.
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