De notre correspondante
à New York
Il est bien établi que la vaccination antigrippale chez les sujets âgés s'associe à une réduction des hospitalisations pour pneumonie ainsi qu'à une baisse de la mortalité globale. Mais la vaccination antigrippale chez les sujets âgés pourrait-elle être associée aussi à une baisse du risque d'accidents cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires ? Quelques petites études, qui ne font pas l'unanimité, le suggèrent. D'après certaines, les infections aiguës, y compris celles des voies respiratoires, pourraient augmenter le risque d'ischémie et d'AVC.
Nichol (Veterans Affairs Medical Center, Minneapolis) et coll. ont étudié les bénéfices de la vaccination antigrippale dans la population âgée. Leur vaste étude a l'intérêt d'avoir évalué l'effet de la vaccination sur le risque d'hospitalisation pour maladie cardiaque ou maladie cérébro-vasculaire. De plus, les données portent sur deux saisons grippales successives et des régions américaines différentes (New York, Minnesota et Wisconsin, et côte nord-ouest), ce qui accroît la généralisation des résultats à d'autres saisons grippales et d'autres lieux.
Nichol et coll. ont utilisé les données informatisées de trois grands organismes médicaux privés. Les assurés âgés de plus de 65 ans et non institutionnalisés ont été étudiés durant les saisons grippales de 1998-1999 et 1999-2000.
La cohorte de 1998-1999 comprend plus de 140 000 sujets, dont 56 % ont été vaccinés contre la grippe.
Plus de 146 000 sujets
La cohorte de 1999-2000 comprend plus de 146 000 sujets, dont 60 % ont été vaccinés.
Les investigateurs ont examiné les hospitalisations et les décès durant la saison grippale (et jusqu'à deux semaines après la fin de la saison) et ont comparé les différentes évolutions entre les sujets vaccinés et les non vaccinés, après avoir effectué divers ajustements : caractéristiques démographiques (âge, sexe et lieu) et maladies coexistantes initiales.
Résultat : la vaccination antigrippale est bien associée à une réduction non négligeable du risque d'hospitalisation pour maladie cardiaque (de 19 % durant les deux saisons) et pour maladie cérébro-vasculaire (de 16 et 23 %, respectivement pour les deux saisons).
L'étude confirme aussi que la vaccination antigrippale réduit le risque d'hospitalisation pour pneumonie ou grippe (de 32 à 29 %) et réduit de moitié le risque de décès durant les saisons grippales.
« En 2001, le taux de vaccination antigrippale atteignait seulement 63 % parmi les personnes âgées de plus de 65 ans aux Etats-Unis, bien en dessous de l'objectif de 90 % pour 2010, notent les chercheurs. Nos résultats soulignent les bénéfices qui peuvent être réalisés avec la vaccination et confèrent une urgence aux efforts pour améliorer la couverture vaccinale chez les sujets âgés. »
Rappelons qu'en France l'équipe du Pr Pierre Amarenco (hôpital Bichat) a déjà observé une relation inverse entre la vaccination contre la grippe et la survenue d'AVC chez les plus de 60 ans (« le Quotidien » du 1er février 2002).
« New England Journal of Medicine », 3 avril 2003, p. 1322.
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