Hépatite C chronique : le peginterféron améliore la réponse virologique

Publié le 03/01/2001
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E N octobre dernier, la 51e rencontre annuelle de l'Association américaine sur les maladies du foie qui se tenait à Dallas (Etats-Unis) a été l'occasion de révéler des premiers résultats très encourageants dans le traitement de l'hépatite C chronique : l'association de peginterféron alpha-2b (Viraféron-Peg) et de ribavirine (Rebetol) obtient un taux de 54 % de réponse virologique - allant de 42 % à 82 % en fonction du génotype - chez des sujets atteints d'hépatite C chronique, naïfs de tout traitement antérieur.

Ces résultats ont été obtenus sur une cohorte de 1 530 patients (68 % de génotype 1 et 68 % de charge virale élevée) randomisés en 3 groupes :
- Viraféron-Peg 1,5 μg/kg une fois par semaine + Rebetol 800 mg/j pendant 48 semaines ;
- Viraféron-Peg 1,5 μg/kg une fois par semaine + Rebetol 1 000 à 1 200 mg/j pendant 4 semaines suivis de Viraféron-Peg 0,5 μg/kg une fois par semaine + Rebetol 1 000 à 2000 mg/j pendant 44 semaines ;
- Viraféron A 3 millions UI x 3 par semaine + Rebetol 1 000-1 200 mg/j pendant 48 semaines.

Importance du poids corporel et du génotype

Lorsque l'analyse est faite sur le meilleur ratio dose de ribavirine par rapport au poids du patient (c'est-à-dire pour une dose minimale de 10,6 mg/kg), le taux de réponse virologique soutenue (charge virale indétectable) atteint 61 % tous génotypes confondus, 48 % pour le génotype 1 et 88 % pour les génotypes 2 et 3.
Ces résultats ont été accueillis avec grand intérêt : ils témoignent non seulement du succès de l'association thérapeutique mais aussi révèlent également l'importance du poids corporel et du génotype dans la réponse thérapeutique. Les meilleurs taux de réponse virologique sont obtenus avec les doses les plus élevées de Viraféron-Peg (1,5 μg/kg en une injection par semaine) et dès lors que la ribavirine est administrée à plus de 10,6 mg/kg/j.

La pégylation

La pégylation consiste à fixer une ou plusieurs chaînes de polyéthylène glycol (PEG) sur une molécule, modifiant ainsi ses propriétés pharmacocinétiques et physico-chimiques. L'élimination de la circulation sanguine est retardée et une activité antivirale efficace est obtenue à l'aide d'une injection hebdomadaire sous-cutanée.

En France

Deux produits interférons pégylés sont développés en France.
Le peginterféron alpha-2b (Viraféron-Peg) des Laboratoires Schering-Plough possède une autorisation de mise sur le marché depuis juin 2000 et reste le seul interféron pégylé commercialisé en France depuis septembre 2000. Le peginterféron alpha-2a (Pegasys) des Laboratoires Roche est en cours d'étude clinique chez plus de 1 600 patients atteints d'hépatite C chronique. Une étude pilote américaine de phase II, menée chez 155 patients, montre que le peginterféron alpha-2a, administré à la posologie de 180 mg/kg (n = 45) une fois par semaine, rend la charge virale indétectable chez 76 % des patients au bout de 12 semaines de traitement ; 36 % des patients ont encore une charge virale indétectable vingt-quatre semaines après l'arrêt du traitement.
Les résultats du premier essai de phase III, au 35e Congrès annuel de l'Association européenne pour l'étude du foie, montrent que ce produit induit une réponse virale soutenue chez 39 % des 531 patients naïfs inclus dans l'étude, réponse encore observée vingt-quatre semaines après l'arrêt d'un traitement de quarante-huit semaines.

Dr Béatrice VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6828