« Dérembourser l'homéopathie ? Pour les Français, la pilule serait dure à avaler ». Nouveau slogan, nouvelle action. Ce mercredi, 18 acteurs* pro-homéopathie dont des organisations professionnelles, des sociétés savantes, des associations de patients et des laboratoires ont lancé une vaste opération de mobilisation contre le déremboursement possible des médicaments homéopathiques.
Cette campagne, relayée sur le site « Monhomeomonchoix.fr » et sur les réseaux sociaux par le mot d'ordre #MonHoméoMonChoix affiche deux objectifs : donner la parole aux Français afin « qu'ils expriment leur attachement à cette thérapeutique et revendiquent le maintien de son remboursement ».
Pétition et affiches à placarder dans les cabinets
Sur leur site, une pétition contre le déremboursement des médicaments homéopathiques a été mise en ligne et a recueilli plus de 2 500 signatures. Un numéro gratuit a aussi été ouvert. Il suffit d'envoyer un SMS « homéo » pour faire valoir sa signature. Les pro-homéopathie insistent sur l'utilité et l'importance de cette thérapeutique.
« En cas de déremboursement, il y aurait un transfert vers des médicaments plus coûteux pour la collectivité, soulignent-ils dans leur argumentaire. Le prix moyen des médicaments homéopathique remboursables est de 2,70 euros alors que le prix moyen des autres médicaments remboursables est de 9,90 euros ». Et ils avancent d'autres avantages. À leurs yeux, le remboursement favorise un usage encadré par des professionnels de santé, permet à certains patients de mieux supporter leurs traitements lourds, ou encore de limiter le recours à des traitements présentant des effets secondaires.
En plus de la pétition, sept affiches aux slogans variés – « Et si on respectait le choix des Français » ou « L'homéopathie a soigné des générations de Français. Pourquoi en priver les générations futures ? » etc. – sont téléchargeables pour les professionnels de santé intéressés souhaitant les apposer dans leur cabinet.
Le calendrier est loin d'être hasardeux. Cette opération commando intervient une semaine après que les Académies de médecine et de pharmacie se sont prononcées explicitement contre l'homéopathie, que ce soit son remboursement ou son enseignement dans les facultés. Par ailleurs, la Haute autorité de santé (HAS) doit également rendre au gouvernement son avis, fin juin, sur le bien-fondé du remboursement de cette pratique. Or Agnès Buzyn n'a pas laissé planer le doute et a confirmé son intention de dérembourser ces thérapies si elles ne sont pas efficaces. « Ce n'est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés », a taclé la ministre de la Santé dans une interview accordée mi-mars au « Quotidien »
#MonHariboMonChoix devient viral
À peine lancée, l'offensive a subi les foudres du collectif FakeMedecine, qui promeut une médecine fondée sur les preuves scientifiques et combat les thérapies alternatives. Le collectif pointe du doigt sur les réseaux sociaux une campagne publicitaire orchestrée par l'industrie pharmaceutique à l'intention des professionnels prescripteurs.
Ce sont les 18 organismes qui sont responsables de cet appel.
— FakeMed (@fakemedecine) 3 avril 2019
Des syndicats de médecins homéopathes qui se promènent main dans la main avec les laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent leurs produits.
Au mépris de l'indépendance de la médecine
Au mépris des instances pic.twitter.com/5Q1jc6pcNI
@MinSoliSante @agnesbuzyn. Aucun commentaire à ce sujet ? On autorise les laboratoires à faire campagne publicitaire au travers des officines et des cabinets de médecine générale ?
— FakeMed (@fakemedecine) 3 avril 2019
Surtout pour un produit sans aucune efficacité et dénigrant les politiques de santé publique…
Certains accusent également l'industrie de vouloir préserver son chiffre d'affaires.
Homéopathie: Valérie Poinsot "Moi, je vois là des Académies en total décalage avec la réalité du soin et avec les praticiens qui exercent au quotidien"
— Jean-Jacques Fraslin (Le retour) - No #FakeMed (@Fraslin) 3 avril 2019
La science, elle s'en fout, le CA de BOIRON doit être préservé. https://t.co/QbBUt2tlU7
D'autres ont contre-attaqué avec une autre arme : l'humour et le détournement de #MonHoméoMonChoix en #MonHariboMonChoix, très vite devenu viral.
2 fraises tagada + 3 schtroumpfs + 1 crocodile, matin midi et soir, pendant 9 jours 3/4. #MonHariboMonChoix https://t.co/XVhLF0xq1G
— DocAdrénaline - No #FakeMed (@DocAdrenaline) 3 avril 2019
Et n’oubliez pas se soigner par l’haribotherapie c’est tenir compte des couleurs
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) 3 avril 2019
pour le stress, l’irritabilité, les épistaxys et tout autre saignement
Les bleus à l’âme et tous les hematomes
Les peines de coeur et la dépression#MonHariboMonChoix
Un jour, je n’avais pas trop le moral. Et mes enfants savent ce qui me soigne toujours dans ce cas là. Ils m’ont donné une fraise Tagada. J’allais beaucoup mieux après cela. J’exige leur remboursement #MonHariboMonChoix
— Calafiore Matthieu- - No #FakeMed - - (@Matt_Calafiore) 2 avril 2019
Rembourser des bonbons par l’assurance maladie ? Non. A moins que la science ne leur prouve des vertus thérapeutiques. La science, rien que la science. cc @HAS_sante #MonHariboMonChoix
— Thomas MESNIER (@MESNIERThomas) 3 avril 2019
*La campagne est organisée par : SNMHF, FNSMHF, SFH, CHF, SNMA, INHF-Paris, FFSH, CEDH, CDFH, Association Hôpital St Jacques - SSH, SHISSO, SSMA - AHP-France, Safemed - Boiron, Lehning, Weleda.
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