Environ 2 000 manifestants (1 700 selon la police) ont foulé les pavés de la petite ville de Valognes (Manche), samedi matin, pour protester contre la fermeture, depuis le 6 août, du service des urgences du centre hospitalier local.
D’importance pour cette commune de 7 000 habitants, la mobilisation a réuni outre les usagers, les syndicats de personnels et les employés de l’établissement, quelque 150 élus locaux, dont les députés Philippe Gosselin (Les Républicains) et Stéphane Travert (PS).
Tous s’inquiètent des conséquences sanitaires de cette décision, alors que les besoins de la population augmentent chaque été avec l’afflux de touristes se pressant sur les plages du Débarquement, situées à une trentaine de kilomètres. En 2013, l’hôpital de Valognes a enregistré 13 000 passages aux urgences.
Pénurie
L’agence régionale de santé (ARS) Basse-Normandie a justifié cette suspension d’activité temporaire par une pénurie de médecins urgentistes et « d’importantes difficultés de recrutement », empêchant le bon fonctionnement du service. Jusqu’à nouvel ordre, les usagers doivent se rendre à Cherbourg ou à Saint-Lô, respectivement à 25 et 40 minutes en voiture de Valognes.
Marisol Touraine a pour sa part assuré dans une lettre au maire de la ville qu’« aucune considération budgétaire n’est entrée en ligne de compte dans les décisions de suspension d’activité ». La ministre de la Santé a précisé dans le même courrier avoir demandé à l’ARS de « garantir [la] réouverture [du service] dans les meilleures conditions, et ce dès le mois de septembre ».
Dépendance de l’intérim médical
L’association des médecins urgentistes de France (AMUF) a rapidement dénoncé le caractère « prévisible » de cette fermeture estivale. « Nous assistons depuis deux à trois ans à une fuite des médecins qui ne supportent plus de travailler dans ces conditions avec des horaires démentiels », a indiqué le syndicat.
Avenir hospitalier s’est alarmé de son côté d’une situation « non exceptionnelle » subie par plusieurs services « en dépendance totale de l’intérim médical ». Il souligne le « manque chronique d’effectifs médicaux », notamment pour les spécialités à permanence des soins. Dans ce contexte, l’intersyndicale attend pour cette rentrée « un électrochoc » qui « redonne confiance et espoir dans l’avenir des hôpitaux ».
Très attendu du monde hospitalier, le rapport Le Menn sur l’attractivité des carrières médicales, remis à Marisol Touraine en juillet, devrait être rendu public en septembre.
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