Éditorial

Inquiétudes et bonnes nouvelles

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Publié le 13/04/2017
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Les interrogations des autorités de santé française et des associations de patients sur la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique terminale se poursuivent. Elles provoquent l’inquiétude de la Société Francophone de Néphrologie Dialyse et Transplantation dont de nombreux membres ont cosigné un rapport dressant un état des lieux très documenté. Il rappelle que cette prise en charge est l’une des meilleures au monde, démonte un certain nombre de contre-vérités et fait des propositions pour améliorer encore la qualité des traitements de suppléance, qu’il s’agisse de la greffe ou de la dialyse.

Parmi ces interrogations, l’influence des inégalités socio-économiques sur l’accès à la transplantation rénale est un sujet sensible, d’actualité. Objet d’une médiatisation, parfois stigmatisante, elle doit être considérée avec prudence car des travaux français récents suggèrent que ces inégalités sociales n’interviennent probablement pas au moment de l’inscription sur la liste mais plus en amont, par le biais des maladies causales de l’IRC telles que diabète, obésité et maladies cardiovasculaires et que celles-ci retentissent in fine sur la rapidité de l’inscription sur la liste.

La même inquiétude est présente chez nos responsables universitaires, à la suite du décret relatif à l’organisation du 3e cycle des études médicales. Ce dernier modifie considérablement la formation en la ramenant à 3 ans d’internat + 1 an d’assistant spécialiste ce qui semble nettement insuffisant pour une formation dite « professionnalisante » des néphrologues de demain, devant de plus en plus faire face à une activité diversifiée en néphrologie, dialyse et transplantation.

Les bonnes nouvelles concernent l’activité de greffe rénale en 2016 qui a encore augmenté de 4 % aussi bien en ce qui concerne les greffes avec donneurs décédés que celles réalisées avec donneurs vivants, et parmi laquelle on note une augmentation régulière du nombre de greffes réalisées avec des donneurs de type Maastricht 3. Il existe par ailleurs une évolution dans la prise en charge des sujets âgés chez lesquels la décision de mettre en route la dialyse ou de poursuivre un traitement conservateur est de plus en plus fondée sur une évaluation médico-psycho-sociale soigneuse et sur une information du rapport bénéfice/risque faite de façon anticipée et réévaluée en fonction de l’évolution. Pour la maladie rénale polykystique autosomique dominante, actuellement sur le devant de la scène du fait de l’arrivée sur le marché d’un médicament pouvant ralentir sa progression, un score de progression mis au point par une équipe de Brest devrait apporter une aide à la décision de traiter ou pas ces patients.

Terminons par de chaleureuses félicitations au professeur Denis Fouque qui vient d’être élu nouveau rédacteur en chef de NDT, prestigieux journal de la Société Européenne de Néphrologie, l’ERA-EDTA.

 

 

 

CHU Nancy

Pr Michèle Kessler

Source : Bilan Spécialiste