IVG : les généralistes espagnols disent non à la réforme de Rajoy

Publié le 12/02/2014

Crédit photo : VICTOR DE SCHWANBERG/SPL/PHANIE

Les trois associations de médecins de famille espagnols ont pris leur distance avec le projet gouvernemental restreignant le droit à l’IVG. Leur manifeste commun rendu public mardi expriment sans détour les "réserves" de la profession. La Sociedad Española de Médicos de Atención Primaria (Semergen), la Sociedad Española de Medicina de Familia y Comunitaria (semFYC) et la Sociedad Española de Médicos Generales y de Familia (SEMG) jugent que la réforme projetée renforcera les inégalités sociales et se fera "au préjudice des plus défavorisés".

Rappelant que l'avortement doit venir "de décisions libres des femmes, conséquences de situations personnelles de grande souffrance", ils estiment qu’il ne peut-être limité "à des cas comme les malformations congénitales graves ou dangereuses pour la santé physique ou psychique" de la femme" comme le souhaite le gouvernement. Au passage, les médecins généralistes de Semfyc, SEMG et Semergen prennent position pour une plus grande ouverture à la société : "nous vivons dans une société dont le code éthique n’est pas unique", clament-ils en appelant de leurs vœux des alternatives au projet du ministre de la Justice.

"Une conception paternaliste de la relation médecin-patients"

Ces sociétés de médecine générale font aussi grief à la réforme de reposer "sur le maintien d’une approche paternaliste de la relation médecin-patients." A la place, les organisations de "medicos de familia"se disent persuadés que "la diminution de l’IVG passe par des politiques effectives d’éducation sexuelle (...) au-delà de la simple information sur la méthode contraceptive". Un défi que les généralistes espagnols sont tout naturellement indiqués à relever.

Cette prise de position intervient, alors que le projet de loi qui n'autorise l'avortement qu'en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol ayant fait l'objet d'une plainte préalable en Espagne a passé un premier obstacle difficile mardi au Congrès. Certes, avec 183 votes, le Parti populaire (PP, droite au pouvoir), qui dispose de la majorité absolue avec 185 sièges, semble avoir quasiment fait le plein des voix, parvenant à repousser une proposition de la gauche de retirer le texte. Cependant, le projet de loi suscite de plus en plus de réticences au sein de la droite. Parmi les premières voix dissonantes, celle de la première vice-présidente du Congrès, Celia Villalobos, qui a demandé la liberté de vote sur ce texte et de plusieurs présidents de régions, comme celui de l'Extrémadure (ouest), José Antonio Monago ou de Galice, Alberto Nuñez Feijoo. Et c’est pour ne rien dire de la gauche, dont la mobilisation de faiblit pas après la mobilisation du 1er février.


Source : lequotidiendumedecin.fr