« J'ai l'impression que l'hôpital traverse une forte crise identitaire, qui dépasse en importance les revendications financières », a déclaré Jean-François Mattei, avant d'ajouter : « L'argent facilite quand même pas mal les choses ! »
Les difficultés budgétaires des hôpitaux ont occupé le cur des débats lors des sixièmes rencontres financières des décideurs hospitaliers. Le ministre de la Santé a profité de cette occasion pour demander aux directeurs d'établissement de mettre en route au plus vite leurs projets de restructuration. Il a par ailleurs confirmé que les sommes prévues par le plan Hôpital 2007 pour relancer l'investissement seraient maintenues, mettant un terme aux rumeurs de restriction budgétaire à l'hôpital. « Je souhaite avec force que le milliard d'euros pour 2003 soit consommé, a-t-il dit . C'est une question de crédibilité. Maintenant que l'argent est débloqué, allez-y, anticipez, réalisez vos projets. Car sinon, l'arbitrage avec Bercy pour 2004 sera très difficile. » Sous entendu : si le milliard n'est pas entièrement consommé cette année, ce sera dur l'an prochain de convaincre le ministère des Finances de débloquer la somme prévue pour l'exercice 2004, soit 1,2 milliard d'euros.
Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Gérard Larcher, a apporté un petit bémol à l'enthousiasme du ministre. « Depuis vingt ans, a-t-il rappelé, nous n'avons fabriqué de protocole en protocole que de la masse salariale, au détriment de l'investissement. » Pour le sénateur des Yvelines, le plan Hôpital 2007 doit être « un levier de restructurations, qui permette notamment une réelle simplification du code des marchés ».
En fait, il formule le même vu que Jean-François Mattei, puisque ce dernier souhaite que les ARH (agence régionale de l'hospitalisation) se servent du milliard d'euros « pour financer de préférence les opérations fondées sur les restructurations et les réorganisations », et non pour boucher les trous budgétaires des années passées.
Des directeurs très moroses
« Les hôpitaux ne sont pas foutus, a tenu à rassurer le ministre. Beaucoup fonctionnent très bien, avec des équipes motivées. Il faut recoller les autres au peloton, voilà tout. »
Un constat optimiste que contredit une enquête réalisée par Dexia Crédit local auprès de 200 directeurs d'établissement hospitalier public, et qui a été présentée lors du congrès. En effet, 82 % des directeurs interrogés parlent de « crise structurelle » ; 64 % estiment que la situation est loin d'être bonne, voire très mauvaise, pour 17 % d'entre eux. Plus des trois quarts des directeurs sont très préoccupés par les perspectives financières de leur établissement. A cela s'ajoute une perception négative du climat social dans les hôpitaux (pour 77 % d'entre eux). Quant à la mise en place de la réduction du temps de travail, la plupart (83 %) jugent qu'elle est plutôt un échec.
Autre donnée intéressante : 36 % des directeurs d'hôpital se préoccupent de leur légitimité face au corps médical, 19 % avouent que ce sujet les tracasse plus qu'il y a quelques années. Cela ne surprend pas Jean-François Mattei, pour qui « l'affrontement entre les soignants et les administratifs est apparu quand ces derniers ont commencé à faire des choix » stratégiques, faute d'argent. « En fait, ce sont les problèmes économiques qui ont créé les tensions » à l'hôpital, estime le ministre, qui compte sur la relance de l'investissement pour faire revenir la sérénité dans les établissements.
Pour la FHF, il faut aller plus loin, et revoir à la hausse la dotation globale des hôpitaux pour l'exercice 2003 (ONDAM fixé à 5 %). Mais compte tenu de l'évolution des dépenses de santé et du calendrier parlementaire à venir (retraites, emploi en particulier...), il y a fort à parier que le gouvernement n'acceptera pas de tenir la clause de revoyure en avril, comme l'avait suggéré la dernière loi de financement de la Sécurité sociale.
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