Un article du « Lancet Respiratory Medicine », paru à l’occasion de la Journée mondiale de la tuberculose ce 24 mars, souligne que malgré le déclin de l’incidence de la maladie dans certaines régions du monde, et l’arrivée de nouveaux antibiotiques, la tuberculose multirésistante (TB-MR) et la tuberculose ultrarésistante (TB-UR) se répandent. L’objectif onusien de l’éradication de la tuberculose d'ici 2035 s’éloigne.
Environ 20 % des cas de tuberculose sont maintenant résistants à au moins un antibiotique, et 5 % sont classés comme MR (résistants à l’isoniazide et la rifampicine) ou UR (résistants en plus aux fluoroquinones et aux médicaments injectables de seconde ligne). La TB-MR et la TB-UR constituent une menace pour les professionnels de santé, et un enjeu grave de santé publique – en plus du surcoût qu’elles entraînent.
Le taux de mortalité atteint en effet 40 % pour la première et 60 % pour la seconde. L’OMS estime ainsi à 480 000 le nombre de nouveaux cas de TB-MR en 2014, et à 190 000 le nombre de morts dues à cette pathologie la même année. Le taux de guérison diminue comme l’incidence de TB-MR augmente : il est ainsi tombé de plus de 70 % en 2006 dans la région du sud-est asiatique à moins de 50 % en 2014.
La résistance ne serait pas due à une mauvaise observance
L’hypothèse originelle et largement répandue est que la résistance serait due à une faible observance des traitements, et qu’elle est donc acquise. Mais les auteurs la réfutent : la résistance est plutôt transmise : 95,9 % des nouveaux cas sont résistants. Les auteurs avancent d’autres possibilités d'explication, en particulier la variabilité pharmacocinétique (le métabolisme plus rapide de certains antibiotiques chez certaines populations par exemple), ou la pénétration sous-optimale du médicament dans les lésions tuberculeuses. Ces éléments doivent être pris en compte dans le choix des traitements.
Les auteurs insistent pour que certaines pistes de recherche soient approfondies, parmi lesquelles le rôle des nouveaux antibiotiques (bedaquiline, delamanid, linezolid), la prophylaxie, les modalités (longueur et dose) des traitements. Ils soulignent aussi la nécessité de l'accès aux tests de dépistage de la résistance aux antibiotiques, afin de pouvoir améliorer l’utilisation des traitements de seconde ligne.
Un appel en faveur des migrants en Europe : les premières victimes
Par ailleurs, l’ESCMID (société européenne de microbiologie cliniques et des maladies infectieuses) rappelle que les migrants sont en Europe les premières victimes de la tuberculose. La plupart des contaminations se font entre migrants, et surviennent dans le pays hôte. C’est une « obligation humanitaire d’améliorer le diagnostic, la prévention et le traitement chez les migrants », juge l’ESCMID, d’autant que de nombreux cas ne sont pas détectés (manque de politique organisée de dépistage et d’information des migrants sur les possibilités de soins, refus d’accès aux traitements…).
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