La sclérose en plaques

La capacité spontanée de rémyélinisation semble déterminante

Par
Publié le 22/06/2017
Article réservé aux abonnés
SEP

SEP
Crédit photo : Phanie

SEP IRM

SEP IRM
Crédit photo : SPL/PHANIE

« L'IRM permet de visualiser et suivre l'évolution des lésions. Mais elle ne donne pas d'information sur les atteintes microstructurelles. Quid de l'évolution de la myéline au sein des lésions ? », explique la Dr Benedetta Bodini (ICM, CHU La Pitié-Salpêtrière, Paris). Pour le quantifier, le TEP Scan utilisant un traceur fixant sélectivement la myéline a été appliqué. Le traceur est le Pittsburgh compound B (PiB) marqué au carbone 11 auparavant utilisé sans la maladie d'Alzheimer pour étudier les plaques amyloïdes dans la substance grise. L’équipe dirigée par le professeur Bruno Stankoff à l’ICM a proposé pour la première fois son utilisation dans la SEP vu sa fixation élective sur la myéline.

Remyélinisation et pronostic

Cette équipe a réalisé une première étude pilote chez 20 patients souffrant de SEP rémittente active mais à distance d’une poussée clinique, et chez des témoins sains, avec un suivi longitudinal.

À l'inclusion, le taux de myéline dans la substance blanche décroît graduellement des tissus d'apparence normale, aux tissus périlésionnels puis aux lésions (T2) visibles à l'IRM, les taux les plus bas étant observés dans les trous noirs, connus pour être les lésions les plus destructives dans la SEP. « Grâce à cette technique, nous reproduisons donc fidèlement en TEP Scan le gradient de myéline classiquement observé en anatomopathologie », résume B Bodini.

La variation en myéline a ensuite été mesurée à distance, à 2 ou 4 mois, à l'échelle du voxel. Dans les voxels correspondants aux lésions, on a observé des réductions, des stabilisations mais aussi des augmentations du contenu en myéline. Pour caractériser chaque patient, deux index spécifiques ont alors été calculés : un index de démyélinisation et un index de remyélinisation.

« C'est la première fois qu’il est possible de visualiser in vivo cette démyélinisation et cette remyélinisation ». Ce suivi longitudinal à court terme (2-4 mois) montre qu'il existe une très grande variabilité entre les patients en termes de remyélinisation spontanée. «Au cours de la même maladie, certains ne remyélinisent pas ou très peu, quand d'autres remyélinisent très efficacement, explique la Dr Bodini. Or l'analyse montre que cette capacité de remyélinisation a un fort impact clinique. L'index de remyélinisation est en effet fortement corrélé au handicap (index EDSS et index MSSS). Cette corrélation persiste après ajustement sur plusieurs covariables notamment après correction par le nombre d'années de la maladie. En revanche, étonnamment, l'index de démyélinisation n'est pas corrélé au handicap ».

Implications cliniques

Cette étude montre que la capacité de remyélinisation pèse sur le pronostic. L'index de remyélinisation pourrait donc être très utile à l'avenir pour affiner le pronostic et mieux stratifier les patients dans les études. « À l'heure ou se développent de multiples thérapeutiques remyélinisantes, cet outil va permettre d'évaluer précocement l'efficacité des traitements et rechercher si leur activité varie en fonction de la capacité de remyélinisation spontanée. Enfin la combinaison de ce nouvel outil avec d’autres méthodes d’imagerie pourrait permettre de mieux comprendre l'histoire naturelle de la maladie, en particulier les implications respectives de la démyélinisation/rémyelinisation, l'activation microgliale et la dérégulation énergétique sur la neurodégénérescence, considérée comme le substrat de la progression de la maladie », ajoute B Bodini.

D'après un entretien avec Benedetta Bodini (CHU La Pitié-Salpétrière, Paris)
(1) Bodini B et al. Dynamic imaging of individual remyelination profiles in multiple sclerosis. Ann Neurol. 2016;79:726–38

Pascale Solere
SEP

Source : Bilan Spécialiste