Une étude de phase II a comparé l'efficacité et la tolérance d'une combinaison de deux immunothérapies à celles d'une immunothérapie en monothérapie en situation néoadjuvante (avant chirurgie) dans le mélanome résécable de stade 3. Si l'association nivolumab (anti-PD1) et ipilimumab (anti-CTLA4) est associée à des taux de réponse élevés par rapport au nivolumab en monothérapie, elle présente également une toxicité nettement plus importante, ayant conduit à l'arrêt précoce de l'essai. Ces résultats sont publiés dans « Nature medicine ».
« Nous avons réalisé des avancées majeures dans le traitement du mélanome et d'autres cancers grâce à l'utilisation du blocage du point de contrôle immunitaire, avec un prix Nobel dédié à ce traitement la semaine dernière, indique au « Quotidien » Jennifer Wargo, co-auteur de l'étude. Ces traitements sont maintenant utilisés chez les patients présentant une maladie au stade précoce (c'est-à-dire avant la chirurgie), avec des résultats qui peuvent être supérieurs à l'administration de ce traitement après la chirurgie, comme le suggèrent les modèles précliniques ».
Réduction tumorale pour 73 % des patients
Au total, 23 patients ont été inclus et répartis en deux groupes : l'un recevant du nivolumab (12 patients), le second la combinaison nivolumab-ipilimumab (11 patients). Les deux groupes ont reçu du nivolumab après la chirurgie, avec un suivi moyen de respectivement 15 et 15,6 mois.
Parmi les patients ayant reçu l'association, 73 % (soit 8 patients) ont eu une réduction tumorale (taux de réponse globale) et 45 % (5 patients) ne présentaient pas de maladie résiduelle au moment de la chirurgie (taux de réponse complète pathologique). Le taux de survie à 2 ans était de 100 % pour ce groupe. Pour les patients sous monothérapie, ces taux étaient de 25 % (3 patients). Deux patients de ce groupe n'ont pas pu être opérés en raison de l'évolution de leur maladie. Le taux de survie à 2 ans était de 75 %.
À noter que tous les patients ayant obtenu une réponse complète pathologique, quel que soit le traitement, n'ont pas récidivé.
Une nouvelle association étudiée
En revanche, des effets indésirables de grade 3 ont été rapportés chez 73 % des patients (8 patients) ayant reçu l'association contre 8 % des patients sous nivolumab seul (1 patient) - aucun effet indésirable de grade 4 ou 5 n'a été rapporté.
« La toxicité associée à ce traitement suggère que nous devions modifier ce schéma thérapeutique », précise Jennifer Wargo. Ainsi, les auteurs étudient actuellement une nouvelle combinaison nivolumab-relatlimab, qui pourrait présenter une toxicité moindre. Le relatlimab est un anticorps monoclonal dirigé contre LAG-3.
Par ailleurs, « des analyses moléculaires et immunitaires sur des échantillons de tumeurs au cours de l'essai ont permis de mieux comprendre les mécanismes de réponse et de résistance à cette forme de thérapie », souligne Jennifer Wargo.
« Ces résultats sont importants et suggèrent que le traitement des patients avant une intervention chirurgicale avec blocage du point de contrôle immunitaire pourrait être associé à de meilleurs résultats chez les patients présentant une maladie à risque élevé. Bien que ces études aient porté sur le mélanome, ces principes peuvent également s'appliquer à d'autres types de cancer », résume Jennifer Wargo.
Elle souligne également « l’importance et l’utilité de l’évaluation des caractéristiques moléculaires et immunitaires de la tumeur avant et après le traitement par ces agents ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature