Antiquités
Il en a vu d'autres, le bâtiment de la rue Rossini, mais peut-être pas un tel marathon de 6 000 numéros installé sur dix kilos de catalogues (et un cédérom qui fera date), et les 21 vacations de la vente s'étalent sur deux semaines et dans toutes les salles du premier étage. Pourquoi cette vente, et après tant d'années ? Des projets de musée, de fondation, ont longtemps plané, toujours difficiles à finaliser. Et puis, enferme-t-on dans une fondation l'âme des poètes ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de la mémoire du Surréalisme et de ceux qui l'ont fait.
La première semaine est consacrée à la chose écrite : livres, manuscrits, autographes, papiers épars. La seconde est consacrée à Breton collectionneur.
Les livres n'occupent pas moins de 1 600 lots. Anciennes ou modernes, Breton affectionnait les éditions originales sur lesquelles il collait son ex-libris (un tamanoir dessiné par Dali), mais surtout, il les truffait lui-même d'autographes, des photos, de dessins, qui confèrent à certains un surcroît de valeur.
S'il fallait n'en choisir qu'un dans cette jungle de papiers, ce serait sans doute l'exemplaire numéroté de « Qu'est-ce que le Surréalisme » de l934, accompagné de la maquette à la gouache de la couverture, de la main de Magritte, qui explique les 120 000 euros d'estimation. L'originale lambda du même ouvrage ne vaut que 350 euros.
Mais plus que les livres, l'intérêt se porte sur les revues... d'une existence éphémère faute d'un lectorat suffisant, car élitiste. Les onze fascicules du Minotaure, parus de 1933 à 1939, sont crédités de 25 000 euros. Le Surréalisme au service de la Révolution, dirigé par Breton lui-même, en six numéros, e 1930 à 1933, en vaut 75 000 euros, la collection complète (12 numéros 1924-1929) de la Révolution Surréaliste, devrait atteindre 40 000 euros. C'est la nouvelle série de « Littérature », 13 numéros dans une reliure de Paul Bonet, qui affiche la meilleure ambition, avec 120 000 euros d'estimation.
La soixantaine de poèmes autographes, manuscrits et dessins de Tzara, Aragon, Duchamp, Max Ernst, Desnos, Picabia, et autres célébrités aujourd'hui haut cotées, entrent évidemment pour une bonne part dans le montant de ce chiffre.
Des manuscrits, ils remplissent la totalité du 3e catalogue, dont la majeure partie sont de Breton lui-même. On reconnaît en le feuilletant l'écriture fine et régulière du poète, celle plus nerveuse de Desnos, l'anglaise penchée de Raymond Queneau et la main crispée d'Antonin Artaud. L'ensemble d'écrits, de billets et de dessins anarchiques qui composent « les Sommeils hypnotiques » de 1922 est crédité de 40 000 euros.
On s'attarde, enfin sur le « maquillage inachevé » de Nadja, rencontrée par hasard un jour de 1926, qui envoie à l'amant d'un soir des messages désespérés, comme ce curieux dessin au crayon au graphisme onirique mais à l'appel combien réaliste : « trouvez le temps d'envoyer quelques mots à votre Nadja ». 77 ans plus tard, le message devrait trouver preneur autour de 20 000 euros.
Lundi 7 avril, 14 h 30, mardi 8 avril, 10 h 30 et 14 h 30, mercredi 9 avril, 10 h 30 et 14 h 30, jeudi 10 avril, 10 h 30 et 14 h 30, vendredi 11 avril, 14h30, samedi 12 avril, 14 h 30 .
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