La révolution broie-t-elle toujours ses enfants ? Se transforme-t-elle systématiquement en machine infernale, échappant à toute régulation ? La Mort de Danton a été écrite par un jeune révolutionnaire au début du XIXe siècle, Georg Büchner étudiant en médecine mort du typhus à 24 ans, qui ne croit déjà plus aux vertus rédemptrices de la Révolution. Drôle de paradoxe ! Il n'est pas sûr que la mise en scène de Simon Delétang nous aide à y voir plus clair. Dans un entretien, le nouveau directeur du théâtre de Lorient invoque le fantasme du retour à l'Antique qui serait la clé d'interprétation de la pièce. Le spectacle s'achève avec en toile de fond la reproduction de la Mort de Socrate de Jacques-Louis David, le peintre qui accompagnera l'épopée révolutionnaire. Ce parallèle est-il pertinent entre la mort du philosophe et celle du révolutionnaire ? Surtout le regard de Simon Delétang met en avant un Danton flamboyant, jeune premier, séducteur en diable, brillamment interprété par Loïc Corbery face à un Robespierre, étrangement effacé, ici joué par Clément Hervieu-Léger. Alors que cet affrontement entre les deux révolutionnaires traverse l'historiographie française jusqu'à ce jour, le débat est ici escamoté au seul profit de la figure de Danton. Domine une version esthétique avec de très beaux moments et le plaisir d'entendre une langue admirablement traduite par Jean-Louis Besson et Jean Jourdheuil. On n'en a pas fini avec la Révolution française !
La mort de Danton, de Georg Büchner, Comédie Française, salle Richelieu, jusqu’au 4 juin 2023 en alternance.
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