« Imagerie juste : pour un traitement ciblé et personnalisé ». Tel est le thème des Journées francophones de radiologie diagnostique et interventionnelle (JFR) qui se dérouleront à Paris du 12 au 15 octobre 2018.
« L'imagerie est fondamentale pour optimiser les bilans diagnostiques et thérapeutiques. La notion d'imagerie juste permet d'en aborder toutes les facettes et tous les enjeux », explique le Pr Anne Cotten, radiologue au CHRU de Lille et présidente des JFR 2018. Le programme scientifique comprend notamment les apports de l’intelligence artificielle, les évolutions technologiques en échographie, la pertinence des actes d’imagerie et les progrès de la radiologie interventionnelle.
Cette édition des JFR fait la part belle à l'IA au sein d'un forum dédié : un espace de 200 m2, où se dérouleront notamment des sessions interactives sous forme de table ronde. Pour la présidente des JFR, de par ses multiples applications potentielles, « l'intelligence artificielle va permettre de booster la spécialité et permettre aux radiologues de se concentrer sur leur métier et leur expertise au bénéfice du patient ».
Le Data Challenge : top départ de l'IA en France
En marge du congrès, la Société française de radiologie (SFR) a lancé le Data Challenge SFR 2018. L'objectif : « développer le meilleur outil d’intelligence artificielle sur des bases de données d’imagerie construites pour l’occasion. »
Depuis le mois de mai, les radiologues ont la possibilité d'alimenter une base avec les données d'imagerie (IRM, scanner, échographie…) de leurs patients - avec leur accord. Au total, 3 500 patients ont été inclus. « Nous sommes parvenus en un temps record à créer une base de données nationale et à mobiliser tous les acteurs de l'écosystème de l'IA : médecins, chercheurs, ingénieurs… », s'enthousiasme le Pr Nathalie Lassau, radiologue à Gustave Roussy.
Depuis le 15 septembre, les 25 équipes qui participent au Data Challenge ont pour mission de mettre au point un algorithme à partir de l'analyse de ces données, dans l'idée de répondre à des situations cliniques précises. Quatre ont été définies dans le cadre de cet événement. Par exemple : est-on capable de détecter des lésions méniscales à l'IRM ou bien de caractériser des lésions hépatiques à l'échographie ? Les résultats des algorithmes seront dévoilés le 15 octobre.
« Cet événement donne le top départ de l'IA en radiologie en France, estime le Pr Lassau. Grâce à ce projet, nous avons pu identifier les aspects réglementaires et les différents freins inhérents à l'IA. »
L'imagerie : une discipline en pleine forme
Les JFR sont également l'occasion de dresser un constat préoccupant : alors que les avancées technologiques font de l'imagerie « une discipline en pleine forme », selon les termes du Pr Louis Boyer, radiologue au CHU de Clermont-Ferrand, les effectifs de médecins ne suivent pas. « Cela a un impact sur la qualité des soins », déplore-t-il, ajoutant que « nous attendons beaucoup de l'IA en termes d'organisation ».
Preuve que l'imagerie a de beaux jours devant elle, l'IRM est en passe de supplanter la biopsie hépatique pour le diagnostic de la stéatopathie dysmétabolique non alcoolique (NAFLD). L'IRM permet en effet de quantifier la quantité de graisses dans le foie avec précision. « Elle est plus reproductible et performante que la biopsie, qui était jusque-là la référence, souligne le Pr Maxime Ronot, radiologue à l'hôpital Beaujon (AP-HP). La communauté gastroentérologique reconnaît ce changement de paradigme. L'IRM devrait apparaître comme le gold standard dans les prochaines recommandations ».
Le congrès s'ouvrira notamment avec une table ronde sur l'équité et l'accès aux soins. « L'occasion d'aborder aussi les mesures présentées par le président de la République », annonce le Pr Cotten, faisait référence au plan santé 2022 dévoilé le 18 septembre dernier.
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