De notre correspondante
à New York
« C'est formidable de voir les progrès que peuvent accomplir ces enfants », témoigne le Dr Marc DiFazio (Walter Reed Army Medical Center, Washington, DC), neurologue, qui a présenté une étude rétrospective au congrès de l'Académie américaine de neurologie. « Certains sont capables d'être plus indépendants. Ils peuvent, par exemple, s'alimenter eux-mêmes ou tourner un robinet. Certains ont pu tenir un stylo et écrire pour la première fois, d'autres utiliser un écran tactile d'ordinateur pour communiquer. Ces changements peuvent sembler mineurs, mais ils sont capables de transformer la vie de ces enfants et de leurs familles. »
Dans certains muscles sélectionnés
Les enfants atteints d'infirmité motrice cérébrale (par lésion cérébrale congénitale ou acquise très précocement) présentent souvent une spasticité. Ses effets vont de la légère rigidité musculaire aux sévères contractures musculaires douloureuses avec spasmes répétitifs qui réduisent la mobilité et perturbent considérablement les activités de la vie quotidienne.
Un nouveau traitement expérimental, introduit il y a dix ans, est l'injection intramusculaire de petites doses de toxine botulinique A dans certains muscles sélectionnés. La toxine produit une chimiodénervation sélective et réversible qui peut être utilisée pour équilibrer les tensions autour des articulations.
Plusieurs investigateurs ont signalé une amélioration à court terme de la spasticité et de la fonction motrice. Toutefois, exception faite d'un rapport, aucune autre grande étude n'a évalué l'efficacité et l'innocuité à long terme.
Di Fazio et coll. ont décrit, au congrès de Honolulu, leur expérience chez 250 enfants (de 1 à 16 ans) atteints d'IMC, traités par toxine botulinique. Dans cette cohorte, 206 enfants ont reçu des injections répétées et 148 enfants ont été suivis pendant plus d'un an (en moyenne pendant trois ans, certains jusqu'à huit ans).
L'amélioration est notable chez 86 % des enfants. Aux membres inférieurs, elle se traduit par des stations debout plus longues, une possibilité de marcher avec et sans aide et de meilleurs ajustements orthopédiques. Aux membres supérieurs, le traitement améliore les mouvements passifs des bras et l'habillage, prévient l'apparition de plaies sur les doigts et les paumes des mains et entraîne même, chez certains enfants, la possibilité pour la première fois de mouvements volontaires.
92 % de réponses favorables
Pour ceux qui ont poursuivi le traitement par injections répétées (environ tous les trois à quatre mois), 92 % continuent d'obtenir une réponse favorable au-delà de un à deux ans. Pour ceux qui ont été suivis pendant plus de deux ans, 80 % présentent une amélioration des symptômes par rapport à la période préthérapeutique. Ces résultats persistent souvent pendant plus de quatre mois après une injection.
Enfin, les effets secondaires néfastes sont minimes, de l'ordre de 2 % (réactions grippales, faiblesse des MI). Aucune immunorésistance n'est survenue avec la nouvelle toxine botulinique introduite en 1998.
« Ces résultats confirment que la toxine botulinique, à dose appropriée, est sûre et efficace à long terme chez les enfants atteints d'infirmité motrice cérébrale », conclut le Dr Di Fazio. « C'est une excellente nouvelle pour ces enfants et leurs familles. »
Congrès annuel de l'American Academy of Neurology, Honolulu, 3 avril 2003.
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