L'Académie de médecine s'implique dans le débat « Energies et santé »

Publié le 07/04/2003
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Avant de lancer un travail de réflexion destiné à évaluer les risques sanitaires en rapport avec certains types d'énergie, l'Académie de médecine a souhaité connaître l'avis des médecins français.

Un questionnaire a été élaboré et confié au « Quotidien du Médecin » pour une enquête sur son site Internet, Quotimed. Près de 500 généralistes, spécialistes, libéraux ou hospitaliers, ont répondu et vont permettre aux académiciens de commencer leur travail avec une bonne connaissance de l'opinion de leurs confrères et de ce qu'ils retiennent des craintes de leurs patients.
Selon les médecins, leurs patients sembleraient plus préoccupés de la pollution atmosphérique (22 %), de la qualité de l'alimentation ou de celle de l'eau que du voisinage d'antennes-relais (4 %) ou de la présence d'une ligne à haute tension (1 %).
Les praticiens estiment pour leur part que l'énergie solaire est celle qui doit être développée en priorité ; de manière plus surprenante, ils mettent au deuxième rang et presque à égalité l'éolien (14 %), la géothermie (12 %) et le nucléaire (11 %).
L'enquête montre que, en fait, les médecins sont assez peu interrogés sur les sujets liés aux différentes formes d'énergie. Dans la plupart des cas, ils sont sollicités par leurs patients, surtout quand le thème est dans l'actualité (45 %).
Quant aux radiations subies lors des examens radiologiques, les praticiens notent que leurs patients expriment rarement des craintes (66 %) et même jamais pour 20 % d'entre eux.
Ce qui est indiscutable, c'est que la formation médicale liée aux risques sanitaires semble insuffisante pour 84 % des médecins interrogés. Ils estiment aussi que l'information reçue n'est pas objective (76 %) et que c'est dans la presse médicale (23 %) et spécialisée (16 %) ou sur Internet (20 %) qu'ils trouvent les moyens d'information les plus utiles.
En parallèle de l'enquête réalisée auprès des médecins, une autre de même nature a été menée auprès d'ingénieurs de l'Ecole centrale. Les réponses sont parfaitement comparables.
En résumé, deux enquêtes assez inquiétantes pour les académiciens. Ils vont être confrontés au cours de leurs travaux à l'opposition entre les informations transmises par les médias, qui constituent le fond de connaissance du public, et l'esprit critique des scientifiques, médecins ou ingénieurs, qui tentent de prendre le recul indispensable pour comprendre ces phénomènes et leurs conséquences éventuelles pour la santé.

Dr J.-P. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7311