L'accord du 5 juin 2001 et les prescriptions en DC ont contribué à une forte percée des génériques

Publié le 07/04/2003
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Deux cent soixante millions d'euros d'économies par la grâce des génériques, cela est bel et bon. Sauf que, si la CNAM, les pharmaciens et les génériqueurs estiment que ce chiffre est surtout la conséquence des prescriptions en dénomination commune (DC) faites par les médecins généralistes, personne n'est capable de confirmer les statistiques du ministre.

A la CNAM, les derniers chiffres disponibles remontent à la fin d'octobre 2002 et on n'est pas encore en mesure de dire quand seront disponibles les prochains. Et au ministère de la Santé, on se contente d'indiquer que ce chiffre de 260 millions est le résultat de calculs effectués par des membres du cabinet, sans qu'il soit possible de savoir comment ni à partir de quelles données. Tant et si bien que le dernier chiffre officiel remonte au 20 janvier dernier où, dans un entretien au « Quotidien », le ministre de la Santé avançait le chiffre de 125 millions d'euros d'économies. Depuis, les génériques auraient donc fait économiser aux caisses 135 millions d'euros supplémentaires. Et même en imaginant que le ministre se soit laissé emporter par un optimisme bienveillant, ces chiffres indiquent une belle économie, et surtout en promettent d'autres, car dans les toutes prochaines années, un grand nombre de molécules très prescrites vont tomber dans le champ des généricables.

La satisfaction des généralistes

Pour le Dr Pierre Costes, président de MG-France, « ces chiffres traduisent la responsabilité bien comprise de tous les acteurs. D'une part celle des généralistes, d'autre part celle des patients maintenant bien informés et qui ne font plus obstacle aux génériques, et enfin, celle des pharmaciens qui, globalement, s'inscrivent aussi dans ce mouvement. Pour MG-France, c'est la traduction de la responsabilité partagée ». Quant à Michel Combier, président de l'Union nationale des omnipraticiens de France (UNOF), il estime qu' « on a déjà largement dépassé les objectifs qui (nous) avaient été assignés par l'accord du 5 juin, puisque nous avons déjà fait réaliser aux caisses plus d'économies avec les génériques que les dépenses supplémentaires créées par le C à 20 euros ; de plus les médecins ont bien compris le sens de l'accord : ils ne sont pas entrés dans les subtilités de 25 % de prescriptions en DC dont la moitié en généricables, ils ont prescrit en DC à chaque fois qu'il y avait un générique, car ils ont bien compris que l'important, c'était de faire faire des économies, un point c'est tout. »
Une tendance que confirme d'ailleurs Maurice Chagnaud, directeur marketing de Merck Génériques, le leader des génériqueurs en France : «  Pour les prescriptions en génériques faites par les médecins, selon nos chiffres, on est à 7,2 % .» Le directeur marketing de Merck Génériques est d'ailleurs fier d'affirmer, chiffres à l'appui, que sa société est la première en parts de marché des génériques : en 2002, sur un marché total du générique qui s'est élevé à 480 millions d'euros, Merck Génériques a réalisé un chiffre d'affaires de 130,5 millions d'euros, soit 27,2 % du marché des génériques, suivi par Biogaran, avec 25,3 % du marché, et Teva, avec 13 % du marché. Pour Maurice Chagnaud, « nous disposons déjà de quelques chiffres pour 2003, mais ils sont du même niveau que pour 2002. Il n'y aura sans doute pas de croissance très importante de nos ventes pour 2003, mais c'est dû au fait que les chiffres 2002 sont déjà élevés ».
Quant à Jacques Lhomel, président de l'association GEMME (Génériques, même médicaments), qui regroupe les principaux fabricants de médicaments génériques, il estime qu'avec ce chiffre de 260 millions d'euros d'économies « on est dedans ».
Mais selon lui, « il faut savoir de quoi on parle et distinguer les évolutions de mois en mois, ou en année pleine : de juin à septembre 2002, l'augmentation des ventes de génériques a été très rapide ; mais, depuis la fin de septembre 2002, depuis qu'a été évoquée la possibilité de mettre en place un tarif forfaitaire de responsabilité (TFR), il y a un palier ; les officines entrent dans une période d'attentisme, et si la marge qui leur est garantie sur la vente des génériques est mise en cause par le TFR  (voir encadré) , la mobilisation faiblira encore plus ».
Une analyse que rejoint Michel Combier, de l'UNOF, ainsi que Pierre Costes, de MG-France, pour qui « les médecins ne sont pas concernés du tout par la mise en place éventuelle du TFR. En revanche, on ne pourra impliquer à fond les pharmaciens si le résultat des réformes va à l'encontre de leurs intérêts, notamment économiques ».

Ce qu'est le tarif forfaitaire de responsabilité

Actuellement, un pharmacien qui substitue un générique à un princeps prescrit par le médecin conserve peu ou prou la même marge que s'il avait vendu le princeps. Le tarif forfaitaire de responsabilité consiste à prendre comme base de remboursement le prix du générique le moins cher. Lors de la mise en place du TFR, au début de l'été, il est donc vraisemblable que le laboratoire princeps baissera son prix pour l'aligner sur celui du générique ; la marge du pharmacien sera donc sensiblement réduite. Le mécanisme de TFR ne devrait toutefois s'appliquer qu'aux molécules dont la substitution par rapport au princeps sera inférieure à un taux compris entre 40 et 50 %. Ce taux sera mesuré sur le seul mois d'avril pour application en juillet 2003. Les pharmaciens ont donc tout intérêt à substituer au maximum les groupes de génériques qui se situent en dessous du seuil de 40 à 50 %, s'ils veulent éviter que le TFR lui soit appliqué.

Henri de SAINT ROMAN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7311