Immunothérapie en seconde ligne des cancers pulmonaires

L'atézolizumab disponible suite à un accord de prix inédit

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Publié le 04/04/2019
atezolizumab

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Crédit photo : Phanie

Le 20 février dernier, a été publié au Journal officiel l'agrément aux collectivités ainsi que l'inscription sur la liste en sus de l'atézolizumab (Tecentriq) en monothérapie, dans le traitement des patients adultes atteints d'un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC), localement avancé ou métastatique, prétraités par une chimiothérapie. Les patients avec mutations activatrices de l'EGFR ou réarrangement du gène ALK doivent avoir également reçu au préalable une thérapie ciblée (1).

Une survie globale prolongée de 4 mois

Anticorps monoclonal anti-PD-L1, l'atézolizumab a été évalué, par rapport au docétaxel, dans l'étude pivotale de phase III OAK. Chez 1 225 patients atteints de CBNPC et prétraités par une chimiothérapie à base de sels de platines, il a permis de réduire de 37 % le risque de mortalité (HR = 0,73 ; p = 0,0003). « La médiane de survie globale de 13,8 mois sous atézolizumab (vs 9,6 mois dans le bras docétaxel) est la plus élevée rapportée dans cette situation de deuxième ligne », note le Pr Nicolas Girard, coordinateur de l'Institut du thorax Curie-Montsouris. De plus, le profil de tolérance est également meilleur sous atézolizumab, avec 15 % d'effets indésirables sévères liés au traitement (vs 43 % sous docétaxel).

Cet anti-PD-L1 est la troisième immunothérapie disponible en seconde ligne après le nivolumab et le pembrolizumab. « Avec l'atézolizumab, on retrouve le bénéfice quel que soit le statut PD-L1, y compris chez les patients PD-L1 négatifs (à l'inverse du pembrolizumab), et il n'y a pas de surmortalité dans les formes non épidermoïdes (contrairement au nivolumab) », ajoute le Pr Girard. Au regard de l'indication et en fonction de la stratégie thérapeutique adoptée, il pourrait concerner environ 15 000 patients en France.

Un modèle de remboursement personnalisé

Le mode de financement, novateur, s'appuie sur le programme PRM (Personnalised Reimbursement Model) mise en place par le laboratoire Roche depuis 5 ans. En recueillant et analysant les données en vie réelle issues des systèmes d'information de plus de 130 établissements hospitaliers, ce programme permet de mieux connaître l'utilisation des traitements et ainsi de proposer des modèles de prix d'après le bénéfice estimé. Cependant, dans cette base de données collectant l'historique de près de 3 000 patients traités pour un cancer du poumon, la réponse au traitement n'a pas été, ou peu, répertoriée. Mais selon quels critères le bénéfice a-t-il été évalué ? « Si la durée de traitement pour un patient est très courte, on peut juger que le bénéfice clinique n'a pas été satisfaisant », explique Jean-Marc Pinguet, directeur de l'accès national et prix pour le laboratoire Roche. Dans l'accord négocié avec le comité économique d'après les données d'utilisation de l'atézolizumab, « Roche s'engage à ce que le budget de l'assurance maladie ne soit pas impacté, en remboursant, pour les patients qui n'en bénéficieraient pas suffisamment », précise Jean-Marc Pinguet, sachant que le prix du produit est de l'ordre de 3 500 euros (2).

Et en première ligne des CBNPC ?

Tout récemment, le 5 mars 2019, la commission européenne a octroyé à l'atézolizumab une extension d'indication en association au bevacizumab, paclitaxel et carboplatine en première ligne de traitement du CBNPC non épidermoïde métastatique (sauf chez les patients EGFR mutés ou avec un réarrangement du gène ALK pour lesquels l'association est indiquée après échec des thérapies ciblées appropriées). Il s'agit de la seconde immunothérapie homologuée en première ligne, le pembrolizumab en monothérapie étant déjà disponible chez les patients exprimant PD-L1 à plus de 50 %. Quand et comment l'atézolizumab sera à son tour remboursé dans cette indication ? Affaire à suivre.

D'après la conférence de presse du laboratoire Roche le 20 mars 2019
(1) https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000038143848
(2) http://www.roche.fr/pharma/traitements-medicaux-innovants/nos_produits/…

Karelle Goutorbe

Source : Le Quotidien du médecin: 9738